Depuis le 1er janvier 2017, et conformément à la loi Labbé, les collectivités ne sont plus autorisées à utiliser des produits phytosanitaires. « Cette décision nous a contraints à trouver d’autres solutions », explique Pascal Andorran, responsable des espaces verts de Sainte-Gemmes-sur-Loire.
L’écopâturage, qui consiste à faire entretenir par des animaux d’élevage (ovins, caprins ou bovins) des terrains enherbés ou embroussaillés, fait partie des mesures adoptées par la commune. Aujourd’hui, plusieurs sites sont gérés de cette manière. « Pour deux d’entre eux, les abords du terrain de camping et un espace en bordure de lotissement, nous faisons appel à un paysagiste qui a développé cette prestation avec des moutons et des chèvres. » Cependant, relève Myriam Bouyer, adjointe en charge du dossier, « pour les prés de l’Hermitage (4 ha), nous avons choisi Bruno Menet, un éleveur professionnel. » Ces parcelles, situées en bordure de Loire, étaient auparavant entretenues par la commune comme d’autres espaces verts.
Un revenu complémentaire
Éleveur allaitant sur 200 ha, dont 150 de prairies, il gère un troupeau de 120 charolaises. Installé sur la commune voisine de Beaucouzé, l’exploitant est aussi familier du pâturage en bord de rivière ou de fleuve. Une compétence qui a pesé dans la décision des élus, les prés de l’Hermitage étant séparés de quelques mètres seulement de la Loire.
L’agriculteur et les représentants de Sainte-Gemmes-sur-Loire sont entrés en relation par l’intermédiaire de la chambre d’agriculture (lire encadré ci-contre). Il y a trois ans, les deux parties ont signé une convention. Le document, renouvelable cette année, précise les obligations de chacun, par exemple en matière de clôtures, d’abreuvement, de surveillance ou de suivi des parcelles.
Il prévoit aussi la rémunération du service apporté par Bruno Menet. En l’espèce, l’éleveur perçoit 250 euros par mois de pâturage, « en sachant que les bêtes sont présentes entre fin mars- début avril et fin septembre », indique -t-il. Ce tarif, Myriam Bouyer reconnaît qu’elle a dû le défendre. « Au conseil, ce sont les élus issus de familles agricoles qui ont eu le plus de mal à le comprendre. Pour eux, la gratuité du fourrage suffisait. Cependant, Bruno Menet apporte un service dont nous avions besoin ainsi que des compétences, notamment en zootechnie et en gestion des prairies, que nous ne possédons pas et qu’un paysagiste non plus. »
Dix jours de travail
D’un point de vue économique, l’investissement de la commune a été amorti dès la deuxième année. Certes, la collectivité a investi pour clôturer 2,5 ha et communiquer en direction des habitants, notamment au travers de panneaux accrochés aux clôtures. En revanche, en parallèle, elle a économisé dix journées de travail par an.
« Avant l’écopâturage, le site était fauché deux fois par an, en régie ou par un prestataire extérieur. Il y avait également du temps passé à l’entretien des arbres têtards. Actuellement, les vaches nettoient leurs têtes et nos frais d’entretien des matériels ont baissé. Aux près de l’Hermitage, le terrain n’est pas plat. Il était fréquent de casser le feu d’un engin ou d’abîmer une lame », développe Pascal Handorin. Anne Mabire