Les ministres français et espagnol de l’Agriculture se sont rencontrés à Paris le jeudi 27 avril 2023 au matin. Interrogé sur les dossiers prioritaires que l’Espagne traitera lors de sa présidence de l’Union européenne dès le 1er juillet, Luis Planas répond que celui de la réduction de l’usage des phytos, s’il en est, « ne pourra pas être clôturé » à la fin des six mois. « Nous allons essayer d’avancer […] mais c’est un dossier très complexe, explique-t-il, car les objectifs européens du Green deal [ou pacte vert] sont très ambitieux. »
Référence est faite aux travaux en cours concernant le règlement « Sur », portant sur l’utilisation durable des pesticides. Ses objectifs s’alignent sur ceux du Green deal, à savoir, réduire l’usage des phytos et les risques associés de 50 % d’ici à 2030.
L’usage des phytos à nouveau ciblé par un rapport (27/04/2023)
La réduction des phytos est « très complexe »
Soucieux de justifier sa réponse, Luis Planas concède que l’Espagne n’est pas « dans une perspective de clôture du dossier », car il est « très complexe du point de vue technique et concernant les conséquences sur nos agriculteurs. » Raisons pour lesquelles les États membres ont réclamé une étude supplémentaire d’impact de la Commission européenne.
À cela s’ajoutent les élections européennes de mai 2024 qui pourraient freiner la clôture du dossier sur le plan législatif. « Un dossier si complexe va être très difficile à boucler en ce moment au sein du Conseil et du Parlement européens, ajoute-t-il. Mais ce n’est pas une absence d’ambition, au contraire, nous allons essayer de progresser et d’avancer sur les zones de non-traitement par exemple. »
Appuyant la position de son homologue espagnol, Marc Fesneau affirme que pour faire face au défi de la réduction des produits phytosanitaires, « il y a plusieurs solutions, dont les nouvelles techniques de modification génétique » appelées NGT ou NBT.
La France et l’Espagne sont « favorables » aux NBT
« La position de la France est continue sur cette question, insiste le ministre français. Nous sommes favorables aux NBT. Elles permettent de faire face au défi de réduction de l’usage des phytos et au défi climatique qui impose d’avoir des plantes plus résistances, plus résilientes. Il faut outiller les agriculteurs de ces techniques. »
« Je suis tout à fait d’accord avec Marc Fesneau, renchérit le ministre espagnol. Le débat sur les NBT n’est pas improvisé, ni précipité. Nous allons nous baser à chaque instant sur l’information scientifique disponible. » Luis Planas assure que l’Espagne, « pendant sa présidence, et avec l’étude de la Commission, allait mener un débat transparent avec les preuves scientifiques en main pour répondre aux nouveaux défis. »