De fortes infestations de pucerons verts ont été signalées dans des parcelles de pois d’hiver et de printemps dans plusieurs régions, dépassant les seuils indicatifs de risque. « Les pucerons sont déjà présents là où les pois sont très peu développés. Cette arrivée précoce est exceptionnelle, car le puceron surgit généralement vers le début de la floraison », indique le réseau d’observation du Centre-Val de Loire. Ce ravageur, parfois très nuisible, est susceptible de provoquer jusqu’à 30 q/ha de baisse de rendement.
Mavrik Jet à 2,4 l/ha
Un nouveau traitement est désormais disponible sur pois et féverole : Mavrik Jet, à base de tau-fluvalinate et de pirimicarbe. Il est autorisé à 2,4 l/ha, en floraison et production d’exsudats en dehors de la présence des abeilles, et pour une application par an. « Avec ce produit, le seuil de 20 à 30 pucerons par plante pour le pois peut à nouveau être rétabli en floraison, précise Terres Inovia. Cela octroie à l’agriculteur un délai supplémentaire pour apprécier si le climat et les auxiliaires maintiennent le nombre de pucerons en deçà du seuil, et s’il peut limiter les interventions de pyréthrinoïdes. »
Des essais menés par l’institut technique en 2015 ont démontré une bonne efficacité de Mavrik Jet, supérieure à celle des pyréthrinoïdes. Il est à noter que le produit est également autorisé pour d’autres protéagineux, comme le lupin ou le pois chiche, mais aussi pour le colza et le tournesol.
Avant d’intervenir, Terres Inovia recommande une surveillance accrue à partir de début floraison jusqu’à fin floraison, plus deux ou trois semaines : « Placez une feuille blanche rigide sous la végétation et secouez les tiges. Les pucerons se laissent tomber. Répétez l’opération plusieurs fois et dénombrez le nombre de pucerons par plante. »
D’autres pistes explorées
Avant la floraison, il est possible de traiter avec Karate K si le nombre de pucerons verts par plante est supérieur à dix, à une dose de 1,25 l/ha. « Avec les pyréthrinoïdes seuls, une réintervention est probable, explique l’institut technique. Si le seuil de dix pucerons est atteint courant floraison à fin floraison, et deux ou trois semaines après, Karate K n’est plus utilisable. Il faut alors intervenir avec un pyréthrinoïde autorisé, avec mention abeilles impérative. » L’efficacité de Mavrik Jet est comparable à celle de Karate K, d’après les résultats d’essais de 2015.
D’autres pistes de lutte sont à l’étude, dont l’huile paraffinique comme solution de biocontrôle. « Les premiers résultats semblent plus intéressants sur féverole car le puceron noir est atteignable, alors que sur pois, le puceron vert est souvent caché dans les boutons floraux », rapporte Terres Inovia.
Le développement de variétés résistantes aux pucerons du pois est l’objet du projet CharaP, démarré en 2019.
Justine Papin