Louise Hoch a accueilli les premières averses, à la fin de mars dernier, comme une bénédiction. Après un long été particulièrement sec, les précipitations étaient les bienvenues sur l’exploitation qu’elle dirige avec son mari Dan à Quilpie, dans le nord de l’Australie. Mais l’eau n’a pas cessé de s’abattre sur ses terres. Les hélicoptères ont commencé à tourner pour regrouper les bêtes. Le ciel a continué de tomber sur leurs têtes avec, en cinq jours, l’équivalent de deux années de précipitations.

Coincés dans leur maison, les Hoch ont vu passer, emportés par les flots, leurs chèvres, des kangourous et toutes sortes d’animaux engloutis par le déluge. « C’était déchirant », se souvient l’agricultrice avec beaucoup d’émotion. Du jamais vu dans la région, tant par la quantité d’eau (300 mm en quelques heures à Quilpie) que par l’étendue concernée (une surface équivalant à la France et l’Allemagne réunies).

Des milliers d’animaux décimés

Puis l’heure du bilan est arrivée. L’éleveuse estime avoir perdu la moitié de ses 7 000 chèvres et plusieurs de ses vaches. Et ce n’est pas fini. Elle voit désormais des bêtes mourir de la fièvre éphémère bovine, transmise par les insectes. « C’est très difficile d’avancer des chiffres, explique Louise Hoch, car avec une si grande propriété (plus de 23 000 hectares), en roulant toute la journée, on ne voit que 10 à 20 % de nos bêtes. » Les pertes financières s’établissent entre 290 000 et 345 000 euros, selon l’exploitante, en comptant la perte de bétail et les deux ans de travaux à effectuer pour rétablir les clôtures.

À l’échelle de l’État du Queensland, les estimations actuelles font état de 200 000 bêtes mortes ou perdues. Le bilan pourrait s’alourdir à mesure des regroupements de troupeaux. Les autorités craignent que le demi-million de têtes soit de nouveau atteint, comme en 2019.

Et maintenant, reconstruire

Il faut alors penser à la suite, reconstruire les plus de 8 000 km de clôtures, indispensables pour éviter les fuites de bétail, mais aussi pour les protéger des chiens sauvages, grâce à de hauts et coûteux grillages. Il sera également nécessaire de reconstituer les troupeaux. « Cela prendra des mois, voire des années », a prévenu le Premier ministre de l’État du Queensland, David Crisafulli.

Des aides ont été mises en place. « Surtout des prêts, nuance Louise Hoch. Il faut d’abord avancer l’argent et donc avoir les moyens pour ça. » Dans son exploitation, la famille se remet au travail pour retrouver au plus vite son niveau d’activité d’avant. « On dit que c’est un niveau d’inondations qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie, j’espère seulement que c’est vrai et que je n’aurai plus à vivre ça », confie l’éleveuse, avec le petit sourire de celle qui n’a pas le temps de se laisser abattre.