« Pour certaines familles de produits », la hausse moyenne des prix de la matière première agricole (MPA) « déclarée par les industriels » n’a pas été couverte par la hausse des tarifs dans les contrats avec la grande distribution. « Cette situation, qui ne reflète certes qu’une situation moyenne, rend incertaine la sanctuarisation [NDLR : du prix] de la MPA pour un certain nombre de contrats, dès lors que la baisse des autres coûts, notamment les charges salariales, est peu vraisemblable », analyse l’observatoire des négociations commerciales pour 2024, publié le 13 mai 2024 par le médiateur des relations commerciales agricoles.
Légère hausse des produits laitiers
Ces chiffres ne concernent que les produits de marques nationales, pour les négociations qui se sont clôturées avant le 15 janvier 2024 pour les TPE/PME (chiffre d’affaires inférieur à 350 millions d’euros) et avant le 31 janvier 2024 pour les autres entreprises.
L’observatoire rapporte que la hausse de tarif demandée par les industriels s’est élevée en moyenne à 4,5 %. Pour autant, le bilan global des négociations s’établit à « une hausse moyenne inférieure à 1 % » sur les prix, selon l’observatoire. On note une légère baisse de prix pour les surgelés et les produits frais non laitiers (charcuterie, viande…) et une légère hausse pour les produits laitiers, l’épicerie salée et sucrée et les boissons.
Les clauses de révision des prix fonctionnent
Les clauses de révision des prix ont fonctionné en 2023 pour un fournisseur sur cinq. Pour la majorité des contrats, elle n’est intervenue qu’une seule fois et dans 60 % des cas à la baisse, selon l’observatoire. « Le dispositif n’a donc pas joué un rôle massif pour la régulation tarifaire en cours d’année mais a fonctionné correctement, à la baisse comme à la hausse, et de manière significative. »
Mauvaise méthode
Le médiateur des relations commerciales agricoles reconnaît que des difficultés persistent pour garantir la non-négociabilité de la MPA et l’application cohérente des clauses de révision et que les « critiques principales portent sur le système des options utilisées pour garantir la sanctuarisation de la MPA ».
Il estime que la méthodologie utilisée, basée sur un mécanisme d’indexation du tarif sur les coûts d’achat réels des industriels, ne fonctionne pas. Il faut « considérer simplement que les contrats connaissent des ajustements périodiques (annuels, semestriels ou trimestriels) et que les deux partenaires, acheteur et vendeur, doivent s’accorder sur la méthode à suivre pour opérer ces ajustements », assure le médiateur.
Choisir une période de référence et un indicateur de marché
Ce dernier recommande que les parties choisissent une période de référence et un « indicateur de marché pertinent » pour calculer un prix normatif de la matière première agricole et déterminent « l’impact de la variation de ce prix moyen normatif sur le coût de revient des produits faisant l’objet d’un même contrat ».
« Par exemple, si l’industriel utilise du beurre pour ses produits, il pourrait être pertinent de prendre la moyenne des cours du beurre équivalent cube de 25 kg sur un trimestre, de la comparer à la moyenne du même trimestre de l’année précédente et de considérer que cette variation est la variation de la MPA “beurre” dans le contrat », illustre le médiateur. Cette méthode devrait s’appliquer aussi bien pour la négociation annuelle que pour l’application de la clause de révision automatique.