« Les prévisions pour les semaines à venir sont très optimistes pour les nappes d’une grande partie de la France », soulignait Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) lors d’un point mensuel ce lundi 16 septembre 2024. Depuis mars, les niveaux des nappes sont restés très satisfaisants, soutenus par la pluie de l’hiver dernier, une vidange actuellement ralentie par les pluies du printemps et de l’été, et une moindre pression des prélèvements comparativement à l’an dernier. Les niveaux des nappes sont restés quasi identiques entre les mois de juillet et d’août. Août 2024 est le deuxième mois d’août le plus humide depuis trente ans (après 2001).

Risque accru d’inondation
Sur les 300 piézomètres relevés par le BRGM en France, 70 % sont à un niveau au-dessus de la normale en août. Et 22 % sont à un niveau « très haut », une situation qui ne se produit qu’une fois tous les cinq à dix ans, relève le BRGM.

Beaucoup de secteurs étant à un niveau supérieur à d’habitude, le risque d’une remontée de nappes est plus élevé. Les inondations connues dans le nord de la France ces dernières années pourraient ainsi concerner des zones plus au sud si la période de recharge débutait précocement.
Des nappes très basses dans le Roussillon
17 % des situations sont en revanche en dessous des normales. Sur les quelques secteurs déficitaires que sont l’Hérault, la vallée de l’Aude, l’Orb, le nord et l’est de la Corse, et surtout le Roussillon, des tensions seront localement possibles. Sur ces secteurs où les pluies ont fait défaut ce printemps et cet été, tout dépendra des pluies à venir pendant la période de recharge.
Dans le Roussillon, le niveau est malheureusement tellement bas qu’un hiver même très humide pourrait ne pas suffire pour reconstituer les réserves. Les nappes y baissent de manière continue depuis deux ans et demi. Des solutions d’urgence ont été appliquées depuis l’an dernier dans ce secteur afin de gérer la ressource en eau. Dans le Roussillon, les nappes phréatiques ont diminué d’un à deux mètres, par rapport aux années 1990, date à laquelle les relevés ont débuté. Elles sont actuellement à leur plus bas niveau depuis plus de trente ans.
Vigilance sur quelques secteurs hétérogènes
Certains secteurs présentent, quant à eux, une hétérogénéité de situations, avec des déficits localisés. Ainsi, la chaîne des Puys ou les nappes de Provence ont connu un déficit de recharge hivernal. Le sud de l’Alsace se caractérise par des nappes très inertielles. Les nappes du nord des Côtes-d’Armor ont un niveau modérément bas du fait d’un déficit de pluies sur ce secteur. Les nappes inertielles de la craie normande — secteurs sud de la Seine et Beauce — et celles du nord de la Drôme tendent à s’améliorer mais restent à des niveaux bas depuis l’an dernier.