La recharge des nappes a été active à partir de janvier 2023. Cependant, la sécheresse en février a inversé la tendance, provoquant son « arrêt brutal », a constaté le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). Au 1er mars, « 80 % des niveaux sont en dessous des normales, et 45 % des niveaux sont bas à très bas », rapporte Violaine Bault, hydrogéologue, lors d’une conférence de presse organisée le 13 mars 2023 par le BRGM.

Entre août et décembre 2022, la recharge des nappes avait débuté tardivement. Les sols étaient en effet très secs en fin d’été, et les premières pluies d’automne ont d’abord permis de les réhumidifier. « La végétation est par ailleurs restée active longtemps, jusqu’en novembre, à la faveur des températures douces », indique Violaine Bault.

Niveaux des nappes réactives très bas

Les nappes réactives, très sensibles à l’absence de pluie, affichent des niveaux bas. Sur les nappes inertielles (Bassin parisien et couloir Saône), les tendances sont plus hétérogènes. « Elles mettent plus de temps à réagir à l’absence de pluie. Mais la recharge a été faible à inexistante sur la plupart de ces nappes. Aussi, leur niveau est souvent en baisse ou stable », indique Violaine Bault.

Les secteurs les plus préoccupants, avec des niveaux localement très bas, sont :

  • Le couloir Rhône-Saône, de la Bourgogne au Bas-Dauphiné ;
  • Les nappes de la plaine du Roussillon ;
  • Les nappes des calcaires karstifiés des Causses ;
  • Les nappes du socle du Limousin.

« Par rapport à 2022, les niveaux sont nettement inférieurs et c’est encore plus frappant en février, analyse Violaine Bault. On hérite du cycle hydrologique de 2021 et 2022, avec un hiver 2021-2022 très déficitaire, et un été très sec, avec beaucoup de sollicitations. » L’hydrologue note une exception : les nappes le long de la Manche, qui ont bénéficié d’une bonne recharge en novembre et décembre. Leur situation se dégrade cependant.

Pluies déterminantes en mars et avril

La recharge des nappes en mars et jusqu’à la reprise de la végétation reste incertaine : elle dépendra de la pluie et de la sécheresse des sols. « Plus les sols sont secs, moins l’eau s’infiltre facilement en profondeur, rappelle l’hydrologue. Météo-France prévoit des températures plus élevées ces prochains mois, on s’attend donc à ce que la végétation reprenne plus précocement. » Le BRGM précise que la recharge pourrait reprendre courant mars sur les secteurs arrosés, entraînant une amélioration de la situation. Mais en cas de précipitations insuffisantes, la vidange pourrait se poursuivre sur les nappes réactives, et se généraliser sur les nappes inertielles.

Dans les mois qui viennent, la recharge 2022-2023 déficitaire « risque d’impacter l’ensemble des nappes inertielles du Bassin parisien et plus particulièrement celles du couloir Rhône-Saône, indique le BRGM. Concernant les nappes réactives, des pluies abondantes et perdurant durant le printemps pourraient permettre de retrouver des niveaux satisfaisants. Cependant, la reconstitution des stocks d’ici le printemps reste difficilement envisageable sur les nappes réactives affichant des niveaux très bas. »

Et Violaine Bault de conclure : « On a déjà connu des situations avec beaucoup de nappes dans le rouge. Ce qui est inédit par rapport à notre historique de suivi, c’est de voir toute la France impactée. »