: plus d’un chef d’exploitation sortant sur deux abandonne avant 61 ans. Ces départs interviennent surtout entre 50 et 60 ans. Cependant, ils concernent aussi les chefs d’exploitation de moins de 40 ans, qui représentent 31 % des départs précoces.
Le Sud-Est et la Bretagne
Les profils des exploitants concernés sont très variables. Toutefois, les données statistiques montrent que des régions comme le Sud-Est, qui connaît un fort recul des terres agricoles, et la Bretagne, où les crises sur la filière d’élevage se succèdent, sont plus touchées que d’autres.
Les éleveurs sont surreprésentés et, dans une moindre mesure, les pluriactifs tout comme les femmes. Les Gaec préservent en revanche du phénomène. Enfin, une sortie du métier est suivie plus souvent d’un agrandissement des exploitations alentour que d’une installation.
Et après quinze ans
Les départs précoces ne sont par ailleurs pas le fait d’installations « anecdotiques », d’expériences de vie ou de mauvais aiguillage : près de la moitié des départs précoces interviennent après une longue période d’activité, quinze ans et plus, après leur installation pour la très grande majorité des chefs d’exploitation. Les problèmes économiques sont la cause principale des départs précoces.
Ce que l’on retient surtout, c’est l’interdépendance des causes. Les difficultés économiques peuvent relever d’un problème de filière tout comme de santé physique et/ou morale des exploitants. Les réglementations sanitaires et les évolutions de normes sont aussi un facteur déclenchant d’arrêt d’activité lorsqu’elles imposent de réaliser de nouveaux investissements. La majorité de ces départs précoces correspond à un arrêt complet de toute activité agricole.
Le transport et l’aide à la personne
« Les hommes ont tendance à se reconvertir dans le transport et les femmes dans l’aide à la personne ou dans les services », poursuit Sylvie Filipe da Silva. Si la plupart n’ont pas de mal à retrouver du travail, et estiment avoir retrouvé des conditions de vie et de travail plus stables, ils restent malgré tout nostalgiques du métier. « Parce qu’être exploitant, c’est aussi vivre sur l’exploitation, avec la famille. Cesser son activité, ce n’est pas seulement cesser un travail. »
Le bien-être humain
L’étude montre que la désinstallation n’est pas assez intégrée dans la réflexion de la profession. Les mesures d’accompagnement et de prévention reculent. « L’agriculture française a-t-elle toujours un projet social ? Historiquement, elle en avait un ».
« De la même façon, à l’échelle européenne, on parle de bien-être animal, de bilan de santé de la Pac mais, dans nos recherches, nous n’avons rien trouvé sur le bien-être des agriculteurs ».