La « transition agroécologique » de l’agriculture « est en route », et « elle est irréversible », car « la demande sociétale est irréversible aussi », a jugé M. Guillaume à l’issue du 56e Salon de l’agriculture. « Nos concitoyens nous demandent plus de transparence, plus de sécurité, moins de produits phytosanitaires et plus de bien-être animal ».

 

Selon lui, les agriculteurs conventionnels ont « précédé » ces demandes « depuis des années », en utilisant « moins d’eau, moins de phytos, et moins d’antibiotiques dans les élevages ».

Mais pour répondre à la demande croissante des consommateurs avides de produits plus naturels et sans pesticides, « il ne faut pas industrialiser » la production d’aliments biologiques, a-t-il aussi plaidé.

 

Certains pays ont répondu au développement de la demande avec des modes de production bio intensifs. « On ne peut pas faire passer toute l’agriculture en bio, parce que cette agriculture-là n’est pas à même aujourd’hui de produire l’alimentation que nous souhaitons en quantité », a jugé le ministre.

 

C’est l’évolution de l’agriculture traditionnelle, grâce notamment à des pratiques empruntées au bio qui permettra la « montée en gamme de l’agriculture française », a-t-il estimé.

 

Il a notamment salué les efforts de la filière céréalière, qui a mis au point un blé CRC (culture raisonnée contrôlée), avec des contrôles prévus garantissant « zéro résidu de pesticides ».

 

« Les viticulteurs sont partis (dans la transition agroécologique), les fruits et légumes aussi », a-t-il souligné, « et quand les vaches sont sur l’herbe, c’est quasiment du bio aussi ».

Aides bio : « un bug inacceptable »

« Je ne veux pas opposer » le système conventionnel et le bio, a néanmoins précisé le ministre, « on a besoin des deux ».

 

Pour rassurer les producteurs bio, il a souligné qu’il « poussait beaucoup pour les conversions de nouveaux agriculteurs », même si le gouvernement a renoncé à un accompagnement financier prolongé sur cinq ans.

 

« Nous avons pris la décision de les accompagner pendant trois ans au lieu de cinq, pour avoir plus de producteurs » biologiques, a dit le ministre. « Si un jeune tient les trois premières années, il est bien parti. »

 

De 6,5 % des surfaces agricoles françaises, l’agriculture biologique doit en couvrir 15 % en 2022, selon les engagements du gouvernement.

 

Interrogé sur les retards de paiement des aides européennes pour les agriculteurs bio, le ministre a admis « une défaillance de l’État français et de l’Agence de services et de paiement », et un « bug inacceptable ».

 

« Il y a deux à trois ans de retard, […] les paiements de 2016-2017 – c’est aberrant de dire cela – ne seront payés qu’au printemps 2019 », a relevé le ministre.

 

Certains agriculteurs bio ont intenté la semaine passée une action en justice contre l’État pour recevoir leurs arriérés. Selon M. Guillaume, il reste un solde de « 60 millions d’euros » à verser sur les 4 milliards promis pour la période de 2016-17.

L’agroéquipement engagé dans la transition agroécologique

Revenant sur le Sima, le salon du matériel agricole, qui s’est tenu parallèlement à Villepinte (Seine-Saint-Denis), il a estimé que l’industrie des agroéquipements s’était aussi engagée dans la transition, grâce à des appareils plus performants (pulvérisateurs, etc.) permettant de réduire de « 70 % à 80 % » l’utilisation de produits phytosanitaires.

 

Interrogé sur la dégradation de l’excédent commercial agroalimentaire français depuis le début des années 2000, le ministre a estimé que la France devrait se concentrer surtout sur les exportations alimentaires vers les pays européens, les plus rapprochés, malgré le Brexit.

 

« Les exportations diminuent en Europe, il faut essayer de comprendre pourquoi », a-t-il dit. « Les Britanniques vont continuer de manger, et à terme il faudra bien que les Britanniques passent des accords commerciaux avec l’Union européenne, cela reprendra bien. »