Depuis mi-février sur le plateau de Gavot (Haute-Savoie), les effluents de 41 exploitations sont épandus collectivement dans le cadre d’un partenariat développé avec la société des eaux d’Évian et la communauté de communes du pays d’Évian. Une unité de méthanisation et de compostage, financée en partie par le groupe Danone et les collectivités territoriales, a été construite à la limite des communes de Féternes et de Vinzier. Un contrat d’approvisionnement de l’installation sur quinze ans a été signé avec les agriculteurs du secteur. Alors que la collecte des fumiers et du lisier, réalisée depuis cet automne, a été déléguée au groupement d’industriels qui gère l’unité de méthanisation, les agriculteurs ont tenu à avoir un regard sur les effluents entrants dans le méthaniseur et à maîtriser l’épandage du digestat. À cet effet, ils ont créé une Sica et une Cuma. Les agriculteurs se sont engagés à apporter tous leurs effluents au méthaniseur, à mettre 100 % de leur parcellaire à disposition de la Sica, et à respecter des pratiques de la fertilisation raisonnée. En contrepartie, la Sica réalise un plan de fumure prévisionnel pour les parcelles de fauche et de pâture. L’agriculteur est assuré de retrouver ses unités fertilisantes.
Organisation millimétrée
La moitié des épandages, correspondant à 15 000 t, doit être réalisée d’ici le 15 mai dans un rayon de 15 km et sur 1 200 ha. Compte tenu du parcellaire morcelé, les chantiers s’organisent par grand secteur et non par parcelle. En amont, le gestionnaire de planning a contacté tous les agriculteurs pour recueillir les données pratiques liées aux parcelles (accès, ressuyage des sols…) et aux habitudes de chargement des effluents.
Coté matériel, un tracteur de 260 ch ainsi qu’une tonne à digestat ont été achetés. Celle-ci est équipée d’un pendillard et adaptée spécifiquement aux pentes. Ce matériel réalisera 60 % de l’épandage du digestat. Les 40 % restants seront assurés par des ETA locaux qui connaissent le secteur. Cette organisation assure la souplesse et la sécurité nécessaire compte tenu des incertitudes météo : en mars, en moyenne, il n’y a que 12,5 jours d’épandage possible.
Outre un salarié gestionnaire de planning, un chauffeur a été recruté en CDI par la Cuma. L’épandage devrait l’occuper huit mois de l’année. Les mois restants seront consacrés à des travaux de terrassement destinés à améliorer les accès aux parcelles.
Le coût de l’épandage pour les agriculteurs a été fixé à 2 €/t de digestat. Ce montant, qui inclut la réalisation du plan de fumure annuel et le cahier d’épandage réglementaire, ne correspond pas au coût réel de la prestation (9 €/t). La différence est payée par l’Apiem – Association pour la protection de l’impluvium de l’eau minérale Évian - (6 €) et par Danone (1 €). « Nos effluents, précise Philippe Gillet, éleveur et président de la Cuma et de la Sica, servent à produire du biogaz qui est injecté directement dans le réseau GRDF. Nous ne percevons rien sur la vente de gaz. ».