« Il est possible que le niveau d’exposition (1) [des animaux aux antibiotiques] ait atteint un palier et que l’on observe désormais des fluctuations autour de 0,3. » C’est ce qu’indique l’Anses dans son bilan annuel du suivi de l’antibiorésistance en santé animale et de la vente des antibiotiques à usage vétérinaire, publié le 18 novembre 2024.

Première « inflexion » depuis 2011

L’an passé, cet indicateur s’est établi à 0,309, en hausse de 6,5 % sur un an. Il reste néanmoins « proche de la valeur de 0,3 fixée par le plan Ecoantibio 3 pour la période 2023-2028 », souligne l’Anses. Depuis 2011 et le lancement du premier plan Ecoantbio, l’exposition des animaux aux antibiotiques en France a reculé de 48 %. L’année 2023 marque toutefois une « inflexion ».

« Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la hausse observée en 2023, notamment des évènements sanitaires ayant nécessité d’utiliser plus d’antibiotiques ou une légère sous-estimation en 2022, due au déstockage de médicaments achetés les années précédentes », avance l’agence sanitaire.

Ces déstockages seraient liés à « l’entrée en vigueur en début d’année [2022] d’une réglementation sur les médicaments vétérinaires et les aliments médicamenteux, qui a restreint drastiquement les possibilités d’utilisation d’antimicrobiens à titre préventif ».

Un possible « effet MHE »

S’agissant des principales espèces d’animaux d’élevage, en 2023, l’exposition aux antibiotiques a progressé de 6 % pour les bovins, 8 % pour les porcs, 10 % pour les lapins et 16 % pour les volailles. « En 2023, l’exposition aux antibiotiques via les poudres et solutions orales a particulièrement augmenté pour les porcs, lapins et volailles, espèce traditionnellement utilisatrices d’aliments médicamenteux », expose l’Anses.

Du côté des bovins, l’hypothèse d’une hausse de l’exposition liée à la maladie hémorragique épizootique (MHE) est sur la table. « La maladie est apparue à la fin de 2023, retrace Franck Fourès, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). On peut imaginer un effet MHE lié à la pénurie de vaccins et la nécessité de traiter les animaux touchés par le virus. En 2024, on espère qu’une vaccination large compensera ce phénomène. »

(1) L’exposition aux antibiotiques des animaux tient compte du rapport entre le poids vif traité, estimé à partir de la quantité de médicaments vendus et de la posologie recommandée pour chaque médicament, et du poids vif total, évalué à partir du recensement des populations animales.