L’idée est séduisante, mais la technique est-elle performante pour autant ? C’est toute la question, pour qui serait tenté de lancer dans le pompage solaire. A priori, la technique est plutôt sobre.

Dans la Drôme, par exemple, la municipalité de Bourg-lès-Valence a converti en mai 2016 un site de pompage d’eau potable à l’abandon en pompage solaire pour une parcelle de maraîchage. Aucun réseau d’eau ni d’électricité n’est mobilisé. « Le principe repose ici sur l’utilisation de deux panneaux photovoltaïques neufs de 1,40 x 0,90 cm chacun », explique Jean-Christophe Guiral, à la tête de l’entreprise Ireva qui a installé le système. « Ils fournissent l’énergie nécessaire au fonctionnement d’une pompe immergée hélicoïdale de marque Lorentz. » Dans d’autres cas, la pompe peut être centrifuge ou il peut s’agir d’un système multi-pompes. C’est avant tout dans les sites isolés, ou pour lesquels les réseaux électriques ne sont pas avancés, que cette technique a d’abord été adoptée, notamment dans certaines régions d’Afrique. À Bourg-lès-Valence, c’est plutôt une sensibilité au développement durable qui a motivé la commune.

Jusqu’à 19 m³/h

En effet, l’énergie solaire est vendue comme une énergie propre et procurant une certaine autonomie. Mais d’autres avantages plus techniques peuvent être avancés. En effet, le pompage solaire mobilise des composants à longue durée de vie. La conception peut être en outre modulaire et la mise en œuvre simple et rapide. Le coût d’exploitation est par ailleurs faible et le rendement est élevé.

De plus, des besoins très différents peuvent être couverts. Les constructeurs, comme l’allemand Lorentz, proposent ainsi 5 à 350 m de hauteur de relevage, 5 à 300 m³/h de débit et 10 à 2 500 m³/jour, voire jusqu’à 19 m³/h pour les pompes solaires danoises Grundfoss. À Bourg-lès-Valence, où les parcelles et l’installation sont de taille modeste, environ 10 m³ d’eau par jour sont tirés, avec une pompe solaire puisant 1,3 m³/h. La pompe est immergée à 6 m. Trois cuves de 1 000 l de capacité chacune sont disposées en hauteur. Cachées de la lumière du soleil, elles stockent temporairement l’eau pompée.

Facteurs limitants

Au crédit des détracteurs, ce mode est fortement dépendant de l’ensoleillement. À défaut, il faut prévoir un système de batteries, inexistantes sur l’installation de Bourg-lès-Valence. Il est aussi dépendant du prix de l’énergie. La concurrence peut être alors difficile, comme en France où le nucléaire garantit actuellement un bas prix de l’électricité.

Dans le cas d’une rénovation, le changement risque alors de coûter plus cher qu’un simple rafraîchissement de l’installation existante. Le prix de l’eau orientera aussi l’investissement dans une installation de pompage solaire. Ce qui est justement discutable à Bourg-lès-Valence, où l’eau « foisonne » et où il existe un forfait irrigation à 6 cts€/m3. Mais, si les régions où l’eau et l’énergie ne sont pas des facteurs limitants, ni en ressource ni en prix, la modernisation et l’image font aussi partie des arguments qui peuvent être avancés pour justifier ce genre d’installation.