Plus de 160 hectares de parcelles à irriguer grâce à cinq stations, c’est le volume de travail auquel fait face tous les ans la SCEA Guyon et notamment Thomas, Arnaud et Jean-Luc Guyon avec leurs trois salariés. Cette exploitation, installée sur la commune du Cardonnois (Somme), cultive sur 500 hectares, des céréales, des légumes, des betteraves et des pommes de terre. « Ce sont ces trois dernières cultures qui nous obligent à être le plus vigilant sur la conduite de l’irrigation et donc qui nous mettent le plus de pression », indique Thomas. La ferme est équipée de 10 enrouleurs, 8 canons et 2 rampes d’irrigation. Le réseau d’irrigation s’étend sur une vingtaine de kilomètres. Il est enterré à une profondeur moyenne de 1,2 m et a un diamètre qui varie de 160 à 200 mm. « Les plus vieilles sections datent de mon grand-père et ont facilement trente ans. Pour alimenter le tout, quatre stations sont installées sur les différents sites que gère la ferme. »

En plus des canons, la SCEA utilise des rampes d'irrigation. (©  Paul Denis/GFA)

Sept jours sur sept

L’irrigation sur l’exploitation démarre à la fin d'avril pour se terminer à la fin d'août. Pendant cette période, tout le monde est amené à travailler sept jours sur sept sur la partie irrigation. Chaque personne gère son site. Chacun des quatre sites est doté de deux ou trois enrouleurs en fonction des surfaces à irriguer et d’un tracteur pour les manipuler. Ils tournent environ 150 heures par an pour l’irrigation et principalement au ralenti. « Quand tout va bien, nous passons en moyenne 3-4 heures par jour à mettre en place les différents enrouleurs et leurs rampes ou leurs canons. De plus, tous les jours, nous allons voir les stations pour vérifier si tout tourne parfaitement et s’il n’y a pas de fuite. Nous organisons l’irrigation afin d’avoir un passage sur une parcelle qui dure douze heures. Si jamais ça n’est pas le cas et que le cycle va se terminer tard le soir, je coupe plus tôt et je le remets en route le lendemain. L’objectif est que le cycle se finisse à une heure où nous pouvons bouger l’enrouleur. La gestion des stations se fait principalement à distance, ce qui ne nous empêche pas d’y passer régulièrement pour vérifier qu’il n’y a pas de problèmes sur les moteurs ou sur les pompes », complète le chef d’exploitation.

Gérer les fuites

En cas de fuites, l’agriculteur sait qu’il va passer un peu de temps à effectuer la réparation. « À cet effet, j’ai une minipelle presque uniquement affectée à l’irrigation. Malgré cette aide, nous y allons tout de même à deux personnes et nous passons facilement 2-3 heures à réparer la fuite, quand ça se passe bien. J’ai remarqué que les sources de fuites proviennent principalement des joints de raccordement entre les sections qui vieillissent mal. » Les sections, quant à elles, ne se mettent à fuir que quand un silex vient les percer. Les réparations les plus problématiques interviennent lorsqu’un problème intervient sur un coude à 90°. Dans ces cas-là, en plus de réparer le coude, l’agriculteur est obligé de couler du béton pour retenir la pièce et la contraindre afin que la pression ne la déboîte pas.

Plusieurs types de stations sont présentes, électriques, thermiques et hybrides (moteur thermique qui alimente une génératrice qui entraîne une pompe électrique). (©  Paul Denis/GFA)

« Mon réseau à l’avantage d’être composé de plusieurs sections que je peux fermer ou ouvrir, il est donc possible que la station continue à alimenter une partie pendant que je m’occupe d’une réparation sur une autre partie. Il n’y a que quand j’ai une fuite sur le tuyau d’alimentation principal que je dois couper la station. J’ai également constaté que les problèmes arrivent aussi bien sur les réseaux récents que sur les réseaux les plus anciens, il n’y a pas de science exacte », explique l’agriculteur.

Un hivernage minutieux

Des sorties d'eau sont installées aux extrémités des parcelles pour alimenter les enrouleurs. (©  Paul Denis/GFA)

« En fin de saison, lorsque l’irrigation est terminée, je commence par ouvrir tous les points hauts et bas afin de vider au maximum les conduites. Cette étape prend plusieurs heures, le temps de faire le tour de tous les points, mais généralement, nous l’effectuons au fur et à mesure. Par exemple, si je vais travailler dans une parcelle à proximité d’un point, j’en profite pour l’ouvrir. Ensuite, je vais hiverner mes stations. Je purge la pompe, j’ouvre toutes les conduites d’eau, je démonte les ordinateurs, j’enlève les batteries et enfin, je retire toutes mes cuves de GNR que je rapporte à la ferme. Comme ça, quand nous avons un peu moins de travail l’hiver, nous les lavons toutes. Je mets environ une journée pour tout hiverner, mais comme pour les points d’eau, je profite d’être à côté pour réaliser ce travail. »

L'ordinateur installé dans les stations de pompage est primordial pour bien suivre ses arrosages. (©  Paul Denis/GFA)

Ensuite, vient la phase d’hivernage des enrouleurs, des canons et des rampes. C’est la partie la plus simple pour l’exploitant, car il fait appel à Verhaegue Irrigation pour hiverner ses dix enrouleurs. Le technicien vient envoyer de l’air dans les tuyaux pour les purger et il en profite aussi pour faire le tour de l’enrouleur en suivant une check-list bien précise pour voir s’il y a des interventions à prévoir. De retour à la concession, il envoie un devis des réparations nécessaire. Ce dernier oscille généralement entre 200 et 1 000 € en fonction de la maintenance à effectuer. « Faire appel à la concession pour l’entretien de mes enrouleurs, m’apporte une garantie et également une sérénité pour la saison d’irrigation durant laquelle j’ai déjà mon lot de soucis. Je mets un point d’honneur à tout réviser pendant l’hiver, car en saison l’irrigation ne tolère aucun problème », indique Thomas.