Amis de la poésie, vous pouvez passer votre chemin. Le BPM 2450 n’est pas là pour faire de la dentelle mais pour transformer les pierres en sable ou en graviers, à grands coups de marteaux. Pourtant, le broyeur que l’entreprise Bugnot nous livre ne paie pas de mine.
Certes, la bête est trapue et semble bien charpentée, mais on a du mal à croire qu’elle viendra à bout de pierres de 30 cm et de têtes de roches. Le BPM va devoir faire ses preuves et nous avons ce qu’il faut pour le mettre au défi. En effet, l’exploitation franc-comtoise qui nous accueille a fait livrer plusieurs bennes de pierres « tout-venant » qu’il va falloir broyer pour du terrassement. Nous attelons le broyeur. Pour un engin aussi compact, nous apprécions l’espace entre la machine et le tracteur. Heureusement, le port- à-faux est réduit, car la bête de 2,45 mètres de large affiche tout de même cinq tonnes sur la balance.
Des enclumes hydrauliques
Sur la route, la masse frontale de 1,4 tonne de notre Deutz-Fahr 6205 s’avère insuffisante et il faut faire preuve de prudence. Sous le capot se cache un rotor garni de masses de type P1 et P2 en carbure. Ces marteaux sont adaptés à une utilisation mixte dans la pierre et le bois. Chaque marteau porte deux pointes, soit écartées, soit accolées. L’objectif est qu’une pierre qui échappe au premier marteau soit prise dans le second. Les pierres passent entre les marteaux et les enclumes, et sont ainsi éclatées.
Notre broyeur est équipé de trois enclumes, ce qui permet de continuer à broyer sur les deux tiers de la largeur lorsqu’une pierre provoque l’escamotage de l’une d’elles. La position des enclumes est réglable hydrauliquement depuis la cabine. Les enclumes sont montées sur des vérins couplés à un amortisseur hydraulique. Un manomètre, visible depuis la cabine, permet d’ajuster la pression de déclenchement de la sécurité. Pour ceux qui souhaitent modifier la butée basse des enclumes, il est possible de réaliser ce réglage à l’avant de la machine. Le seul autre réglage à effectuer est celui de l’ouverture du déflecteur arrière, hydraulique lui aussi. Pour notre premier tour de roues, nous décidons de travailler avec la distance la plus faible entre les enclumes et les marteaux et le déflecteur fermé.
Granulométrie réglable
Les 207 ch de notre Deutz-Fahr ne sont pas de trop pour entraîner le BPM et la gamme rampante est bienvenue. Nous maintenons un régime de 1000 tr/min à la prise de force. Une fois que le rotor est bien lancé, nous baissons le broyeur et ajustons sa hauteur de travail avec le relevage. Nous commençons à travailler et notre vitesse d’avancement se stabilise autour de 300 m/h.
Derrière, le broyeur donne tout ce qu’il peut et un important nuage de poussière se dégage dans notre sillon. Après trois allers-retours, nous faisons un point sur la qualité du travail réalisé. Et force est de constater que le BPM a dépassé nos espérances. Les pierres sont transformées en sable et l’agriculteur nous demande d’augmenter la granulométrie. Nous ouvrons le déflecteur arrière et décidons de remonter un peu les enclumes.
Pour cela, il faut démonter un capot à l’avant de la machine et ouvrir une vanne avant de modifier la position des enclumes. Une fois le bon réglage trouvé, la vanne peut ainsi être refermée. Nous conservons cette configuration pour aller broyer les nombreuses têtes de roche qui affleurent dans deux pâtures, toujours avec la même efficacité. Selon l’entreprise Bugnot, le BPM est un broyeur polyvalent capable de traiter aussi les souches ainsi que le bois. Ce sera pour une prochaine fois, car nous avons déjà beaucoup à faire avec les pierres.
Pendant toute cette semaine d’utilisation, le BPM a montré qu’il était un bon broyeur pour une Cuma ou une ETA. Sa simplicité de réglage est un atout pour cet outil qui sera utilisé par plusieurs chauffeurs.