L’autonomie comme moteur. Éleveur de 250 chèvres sur 255 ha, dont 15 de luzerne irriguée, avec son associé à Blanzay, dans le sud de la Vienne, Damien Bouchet cherche avant tout l’entière maîtrise alimentaire, financière et intellectuelle de son exploitation. C’est avec cet objectif que la SCEA a investi dans un nouveau bâtiment de stockage en vrac, en sapin Douglas. Celui-ci est équipé de panneaux photovoltaïques pour la vente de l’électricité et d’un système de séchage recyclant la chaleur produite sous la toiture solaire. « Trois cellules de 150 m2 au sol sont aménagées côte à côte, décrit Damien. Elles sont remplies au fur et à mesure des 4 coupes, jusqu’à 6 m de hauteur. L’air chauffé au travers des 144 panneaux solaires est aspiré dans une colonne attenante, grâce à un ventilateur associé à un variateur. Il est ensuite renvoyé sous le fourrage pour le sécher. » Opérationnel depuis cet été, le système demande à Damien des changements dans sa façon de travailler et ses équipements. « Nous avons dû acheter une autochargeuse. Le round baler et le plateau servent toujours pour la paille. Une fois la luzerne déposée sur l’aire bétonnée et abritée attenante aux cellules, je la reprends avec une griffe télescopique depuis une nacelle guidée sur des rails en hauteur. La mélangeuse entre, elle, en marche arrière, sur la même aire. Nous mesurons aussi l’humidité tous les matins avec une sonde. » Si Damien est satisfait de ce système, le séchage solaire a pourtant été choisi « par défaut ». Les associés voulaient au départ assurer la récolte de luzerne et changer de méthode pour ne pas avoir à acheter de l’aliment devant compenser la qualité. En 2014, ils étaient d’abord partis sur un séchage biomasse. Mais inquiets à propos de la fiabilité des solutions rencontrées, ils se sont rabattus sur un séchage traditionnel. Puis ils ont finalement repéré la solution solaire de la société Base.

Optimiser la production

Ce système permet à Damien d’atteindre 90 % d’autonomie alimentaire. Il optimise aussi le rendement des panneaux. En effet, l’éleveur ajoute aux 36 kW de puissance électrique 110 kW de puissance thermique. La ventilation réclame, quant à elle, 15 à 20 kilowatts pour fonctionner. L’investissement total avec les outils s’élève à environ 300 000 euros. Damien bénéficie du Fonds chaleur, d’un Plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations (PCAE) et du fonds Lisea qui prennent en charge 30 % de l’investissement.