Après la manutention, l’alimentation est l’astreinte qui présente le plus grand intérêt pour l’électrification, en particulier parce que les matériels évoluent au plus près des animaux. Les nuisances provoquées par les gaz d’échappement et le volume sonore sont fréquemment évoqués par les éleveurs qui s’intéressent à l’alternative électrique. En effet, ces pollutions sont particulièrement marquées avec les mélangeuses traînées, généralement attelées à des tracteurs anciens. Les automotrices, en particulier les modèles de plus de cinq ans, ne sont toutefois pas exemptes de ces problèmes liés à la présence d’un moteur thermique­.

Régime plus régulier

L’électrification de la distribution de la ration n’est pas une idée révolutionnaire puisqu’elle est déjà employée sur toutes les solutions d’alimentation robotisées. Le robot est alimenté par un cordon sur un rail électrique ou recharge ses batteries à une station de chargement. Les deux systèmes ont fait leurs preuves et les éleveurs apprécient la puissance constante de l’électricité, qui réalise un mélange plus homogène qu’un dispositif entraîné par la prise de force ou l’hydraulique, davantage sujet à des variations de vitesse d’entraînement.

Du côté des mélangeuses classiques, l’offre est encore confidentielle. Siloking a frappé lors du dernier Eurotier avec une automotrice 100 % électrique. Baptisée eTruck, cette machine se décline en trois modèles de 8, 10, et 14 m³. L’entraînement électrique alimente aussi bien les roues pour la circulation que la rotation des vis pour le mélange. Selon Siloking, 15 kW sont utilisés pour les roues et 18 kW pour les vis avec des vitesses de rotation de 17, 33 ou 50 tr/min.

Un surcoût à prévoir

Chez BVL, le choix s’est porté sur une solution hybride à destination des éleveurs qui ont monté un grand bâtiment pour les laitières, mais utilisent toujours l’ancienne stabulation pour loger les génisses et les vaches taries. La V-Mix Hybrid est conçue pour distribuer la ration dans les deux types de bâtiments. Là où le couloir d’alimentation est assez large, la mélangeuse est animée de façon classique par la prise de force du tracteur et se déplace dans le bâtiment pour distribuer la ration. Lorsque l’espace n’est pas suffisant pour manœuvrer la machine, cette dernière passe en mode électrique. Grâce à un embrayage, elle fonctionne sans avoir à la dételer du tracteur, ni à débrancher la prise de force.

Une armoire électrique, qui fait également office de panneau de commande, est installée à l’entrée du couloir d’alimentation. Il suffit de raccorder la machine au câble électrique de l’armoire pour qu’elle effectue le mélange et procède à la distribution en autonomie. La ration est versée sur un tapis à bandes qui la convoie sur toute la longueur de l’auge. Selon BVL, cette solution engendre un surcoût de 20 000 € à 30 000 €, en particulier en raison de l’embrayage de protection de la prise de force et du système d’entraînement électrique.

Souplesse de la recharge par induction

Pour le moment, robots comme mélangeuses classiques se rechargent avec un fil ou directement sur une borne, mais plusieurs constructeurs s’intéressent à la charge sans fil, dite par induction. Cette technologie utilise un champ magnétique pour transmettre l’énergie. Le courant venant de la prise murale se déplace dans le chargeur sans fil, créant un champ magnétique. Ce dernier induit un courant alternatif dans la bobine placée à l’intérieur du véhicule. Cette bobine est connectée à la batterie pour la recharger automatiquement. Trioliet vient de compléter sa gamme de robots d’alimentation Triomatic avec le WB 2250. Ce robot alimenté par une batterie se déplace sans rail dans les stabulations et dans la cour de la ferme en suivant une boucle d’induction ou des transpondeurs dans le sol. Le WB 2250 fonctionne avec une batterie nickel de 600 volts. Ces batteries ont la particularité d’avoir une longue durée de vie et un cycle de recharge relativement rapide. De plus, contrairement aux batteries lithium-ion, elles ne présentent pas de risque d’incendie. Le système de charge est placé sur le robot. La batterie est chargée par le biais d’un rail conducteur installé dans la cuisine d’alimentation. Le robot se recharge sur ce tronçon avec des contacts glissants, ce qui fait qu’il n’est pas nécessaire de l’immobiliser. Dès que le robot accoste au rail conducteur, toutes les fonctions (mélange, commande…) sont exécutées directement via la tension d’alimentation puisque tous les moteurs d’entraînement sont triphasés.

Enfin, les mélangeuses traînées ne sont pas en reste. Ainsi, Keenan a présenté une solution 100 % électrique lors du dernier Agritechnica. Seule ombre au tableau, le tracteur capable d’entraîner cette machine n’existe pas encore mais le constructeur irlandais mise sur la plateforme électrique robotisée de son compatriote iTarra pour lui fournir la puissance nécessaire au mélange et à la distribution de la ration.