Maxime et Julien Vaugeois, agriculteurs en Normandie, ont l’habitude d’acheter du matériel d’occasion et de réparer tout eux-mêmes. Construire une balayeuse adaptée à un godet n’a donc pas été un défi. Les deux frères se sont installés hors cadre familial, en créant l’EARL Vaugeois. L’exploitation de 210 ha, dont 50 ha d’herbage, est située à Almenêche, dans l’Orne. Elle comprend également 330 jeunes bovins à l’engraissement et 60 génisses, au bâtiment trois mois dans l’année. Julien ne gère que la partie élevage, pendant que son frère s’occupe des cultures.

Un seul corps de ferme
Les jeunes bovins sont installés sur une aire paillée dans deux bâtiments différents et sont curés deux fois par semaine. Cependant, il y a un seul corps de ferme. Pour faciliter son nettoyage, Maxime s’est lancé dans la fabrication d’une balayeuse hydraulique montée sur le godet à céréales du chariot télescopique. « Avant cette réalisation, on nettoyait et raclait la cour et les silos à la main. Il fallait alors attendre les bonnes conditions. Cette machine nous apporte un gros gain de temps. Quand je m’en sers, il me faut une grosse demi-journée pour nettoyer l’ensemble des parties bétonnées de la ferme. C’est aussi plus confortable », décrit-il.

Beaucoup de récupérations
« Je suis parti de mon godet à grains de 2,50 m de largeur pour fabriquer la balayeuse. J’ai commencé par le tube qui sert de support aux brosses. Je l’ai adapté à la largeur de mon godet, au diamètre des roulements que j’ai récupérés, mais aussi en fonction de la largeur des éléments de balayage. Pour bloquer ces derniers, j’ai soudé des barres de fer. Le plus complexe était, au final, de centrer le tube par rapport aux paliers. Pour avoir la bonne distance entre la lame du godet et la brosse, j’ai joué sur la longueur du châssis de la balayeuse », expose l’agriculteur.

Pour l’entraînement de la brosse principale, l’arbre de 50 mm de diamètre est relié à un moteur hydraulique par une transmission à chaîne et pignons qui fonctionne avec un rapport de 1:1. C’est la vitesse du moteur qui gère la vitesse de rotation de la brosse. « Une fois la machine terminée, j’ai fait galvaniser la grande tôle positionnée au-dessus du godet mais elle s’est gondolée avec le traitement. J’aurais dû la renforcer avant », explique l’éleveur.

Un godet polyvalent
Cette balayeuse a l’avantage de se détacher très facilement du godet. Il suffit ensuite de nettoyer ce dernier pour l’utiliser dans du grain. La balayeuse s’emploie en marche arrière. Maxime doit, par conséquent, faire attention lorsqu’il la manipule, notamment à cause du déport avant et de la visibilité arrière. Elle est toutefois montée sur un chariot télescopique à quatre roues directrices, les manœuvres sont ainsi facilitées. Pour régler la butée basse du balai par rapport au sol et compenser progressivement l’usure des brosses, un système de béquilles vient en appui dans le fond du godet.

2 700 euros de matériaux
Maxime a également installé une brosse latérale sur sa machine. « Au départ, je ne comptais pas en mettre une, mais j’ai eu l’opportunité de l’essayer sur un système de repousse fourrage. Le commercial qui m’a fait la démonstration m’en a proposé une gratuite, je l’ai donc installée sur ma machine. J’ai dû fabriquer un adaptateur afin de la monter sur le moteur car le support d’origine était différent du mien. »
Cette brosse est composée d’un vérin de récupération et d’un moteur hydraulique neuf. « En tout, j’en ai eu pour presque dix jours de travail. Car en plus du temps de conception pur, il y a aussi celui de la réflexion, avec des idées qui émergent au fur et à mesure. Au final, les pièces m’ont coûté 2 370 euros. Cette somme comprend 1 000 euros de matière, 150 euros pour une électrovanne, 150 euros pour le moteur de la brosse latérale, 300 euros de flexibles hydrauliques, 270 euros de galvanisation et, enfin, 500 euros pour les balais. »
Paul Denis