Même si les forts cumuls de pluie ont certainement permis de lessiver les spores, le climat de 2024 peut expliquer la recrudescence du mildiou sur tournesol car la pluie est un facteur essentiel au développement de ce pathogène. « Comme en 2023, les attaques ont été d’une grande sévérité comparativement aux vingt dernières années, avec plus de 20 % des parcelles touchées présentant plus de 10 % de pieds nanifiés, et 6,8 %, plus de 30 % de pieds nanifiés », constatent Terres Inovia, le Géves et l'Inrae dans une note commune élaborée avec les acteurs du BSV (Bulletin de santé) Poitou-Charentes et des semenciers.

Contournement d’un gène de résistance

Connaître les races présentes sur le territoire est essentiel. Ainsi, les analyses ont permis d’identifier les isolats responsables des attaques. Aucun isolat des races 100, 304, 307, 314, 334, 703 et 710 n’a été identifié. 13 nouveaux cas présentant des souches attaquant des variétés RM9 (résistantes aux races 100, 304, 307, 314, 334, 703, 704, 710 et 714) ont été recensés.

« Les analyses confirment par ailleurs la prévalence d’isolats contournant le gène de résistance Pl8 (10 cas sur 10), majoritairement de type 714. Tous ces isolats ont été échantillonnés sur des variétés de profil de résistance RM9. L’ensemble de ces résultats confirme le contournement de gènes ou combinaisons de gènes de résistance jusqu’alors efficaces présents dans les variétés RM8 (même profil que RM9 excepté pour la race 334, sensible ou non testée) et RM9 », ajoute la note.

Résultats de l'enquête de surveillance de la fréquence du mildiou du tournesol en 2024. (© Terres Inovia - Géves – Inrae, avec les acteurs du BSV Poitou-Charentes et les semenciers)

Agronomie et choix variétal

Pour les semis de 2025, les bonnes pratiques agronomiques (rotations longues, sol ressuyé et réchauffé, semences certifiées…) et de choix variétal prévalent toujours. Il est notamment bon de rappeler que l’« alternance des variétés maximise les chances de changer, au fil des campagnes, les gènes de résistance auxquels est exposé le mildiou dans la parcelle et donc de réduire les risques de contournements ».

« En l’absence d’informations sur les gènes de résistance présents dans les variétés, cette alternance ne peut se baser que sur un changement de génétique et de profil RM. Les profils RM connus des variétés sont sur http://www.myvar.fr », précise-t-elle encore.

Si le traitement des semences n’est pas obligatoire, pour 2025 deux spécialités à base d’oxathiapiproline (Lumisena et Plenaris) sont disponibles. Scenic Gold, qui vient d’obtenir une dérogation de 120 jours, sera à associer à l’un des deux précédents produit dans les situations à risque.