« Nécessité fait loi, le Premier ministre avait d’autres priorités aujourd’hui, constate Marcel Denieul, président du Space, lors de l’ouverture du salon ce mardi 17 septembre 2024, à Rennes (Ille-et-Vilaine). C’eût été l’occasion de faire entendre les demandes du monde agricole. Il n’est pas là mais les questions demeurent. »
Obtenir des vaccins
Elles sont nombreuses, en particulier sur les sujets sanitaires, en raison de l’impact des sérotypes 3 et 8 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) et de la maladie hémorragique épizootique (MHE). « Les éleveurs ont besoin d’obtenir la totalité des vaccins nécessaires. Il est aussi nécessaire de prendre en compte l’impact économique », souligne Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, qui dénonce « un no man’s land politique depuis au moins deux mois ».
Sophie Lenaerts, vice-présidente de la Coordination rurale, observe pour sa part « un manque d’anticipation des pouvoirs publics » et « des vaccins en quantité insuffisante ». « La FCO-3 circule depuis neuf mois aux Pays-Bas et sur la MHE, on a un an et demi de retard, fustige-t-elle. On ne veut pas mettre des coupables partout mais les victimes sont toujours les éleveurs ! » Et la responsable syndicale de déplorer « l’absence de compensation de la perte du chiffre d’affaires liée aux maladies. Que fait-on des broutards qui ne peuvent pas sortir des élevages ? »
Défiscaliser les indemnisations
Par la voix de sa présidente Laurence Marandola, la Confédération paysanne a réitéré son exigence de voir des indemnisations vers les éleveurs touchés pour les « pertes directes liées à la mortalité et indirectes pour l’impact sur la production » soulignant que c’est « à l’État de trouver des solutions ». Elle souhaite que les vaccins soient disponibles pour « tous les territoires et élevages et ce pour tous les sérotypes ». Elle appelle aussi à une meilleure information et anticipation du déplacement du culicoïde, le moucheron vecteur de ces maladies.
Qu’il s’agisse de la FCO, de la MHE ou de l’influenza aviaire, « ces maladies entraînent pour les éleveurs un véritable casse-tête administratif », rapporte Anne-Marie Denis, présidente de la FRSEA de la Normandie. La responsable syndicale demande aussi une « défiscalisation » des indemnités reçues lors des crises sanitaires, dont elle estime que 10 % sont ensuite prélevés par l’État.
Concours maintenus
Les épizooties ont aussi donné quelques sueurs froides aux organisateurs du Space. « On doit assurer des garanties sanitaires au Space pour que les animaux soient sains lorsqu’ils retournent dans leurs élevages », indique Jean-Yves Rissel, responsable des présentations animales du salon.
Pour éviter la présence du culicoïde, une désinsectisation des animaux est réalisée. « Trois vétérinaires sont mobilisés, cela dure une demi-heure », précise-t-il. Avec l’aval des autorités sanitaires, les concours auront bel et bien lieu au Parc-Expo de Rennes. « Nous avons 90 % des animaux présents, chiffre Jean-Yves Rissel. Il manque une trentaine de bovins sur les 530 animaux habituellement en lice. »
Le machinisme reprend des couleurs
Après deux éditions en demi-teinte, le Space 2024 retrouve une partie des constructeurs qui avaient déserté les allées après la crise du Covid-19. De l’avis du représentant d’un full-liner, « il n’y a qu’au Space qu’on peut voir les agriculteurs bretons », ce qui explique le retour de certains grands acteurs des équipements d’élevage.

Ainsi, tous les grands noms de la traite sont de retour, avec dans leurs cartons des nouveautés. L’évolution la plus marquante est l’arrivée en nombre des tracteurs sur les stands, des engins traditionnellement absents avant la période du Covid. À moins de deux mois d’Eurotier, le grand salon européen de l’élevage, les innovations ne sont pas légion mais plusieurs constructeurs en profitent pour présenter des évolutions de gamme.