Au pôle ovin de Charolles, en Saône-et-Loire, les 1 000 brebis, agnelles et béliers sont parés au minimum une fois par an. Dans la pratique, entre un passage systématique avant la mise en lutte et le contrôle des boiteries, « l’équipe fait du parage tous les quinze jours, explique Karine Lazard, ergonome à la chambre d’agriculture du Cher. Au bout du compte, elle vit ce chantier comme une corvée ». Le projet Casdar AmTraOvin (2018-2021), qui s’intéresse aux conditions de travail en élevage ovin, a permis d’analyser l’organisation en place.
Recourir à un animal d’appel en amont
Plusieurs difficultés ont été mises en évidence. La première concerne l’accès au couloir dans lequel se trouve la cage de retournement. À Charolles, le parc de contention comporte deux couloirs. Les animaux – en particulier les brebis et les béliers – connaissent bien le premier, utilisé pour les traitements et le parage sans cage, et beaucoup moins celui qui est équipé de la cage. « En pratique, l’équipe à du mal à orienter les animaux vers ce passage. Cela lui demande beaucoup d’énergie et c’est encore plus vrai quand il s’agit d’agnelles. » La solution pourrait venir d’un animal d’appel placé en amont de la zone de parage, dans un couloir. S’appuyer sur l’instinct grégaire du mouton est « ce qui marche le mieux », d’après Karine Lazard.
L’étape de la contention et du retournement est un autre point d’attention. Force est de constater que les cages ne s’adaptent pas ou mal au gabarit des animaux. C’est vrai pour les agnelles de Charolles, qui ne passent pas dans la cage : « Elles sont trop petites pour être contenues correctement. » C’est également vrai pour celles du lycée agricole de Laval (lire l’encadré).
Mathilde Dumas, ergonome à l’université de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a étudié les savoir-faire liés au parage. Elle travaille aujourd’hui sur la création d’une cage de contention et de retournement qui permettrait de lever ces difficultés. « Le cahier des charges est finalisé, nous en sommes à l’étape des contacts avec les fabricants », explique-t-elle. Cette cage « idéale » devra en principe permettre un réglage facile, rapide et solide : « Au niveau de la contention, l’animal ne devra pas pouvoir reculer, avancer ou se coucher. » À titre de repère, les observations faites dans le cadre d’AmTraOvin indiquent que le pareur fait actuellement au moins dix manipulations pour contenir correctement l’animal et le replacer. « Chez nous, la moitié du temps consacré au chantier de parage concerne d’autres tâches que le parage lui-même », corrobore Mélanie Bauer, responsable de l’atelier ovin au lycée de Laval.
Améliorer l’ergonomie
Concernant le parage lui-même, « il faut en améliorer l’ergonomie », insiste Karine Lazard. Le pareur doit pouvoir passer rapidement et en sécurité de part et d’autre de la cage. Il doit disposer de suffisamment de place à l’aplomb du pied paré, seule façon de travailler confortablement campé sur ses appuis. Ses outils (sécateur, produits de désinfection, support pour écrire, branchement électrique, matériel de nettoyage, etc.) seront à portée de main, posés sur une table, par exemple : « De cette façon, on évite les allers-retours. »
Anne Mabire