En ajustant mieux l’apport d’énergie, d’azote et de vitamines, la nutrition des vaches laitières peut soutenir leur immunité et, ainsi, les aider à lutter contre les inflammations courantes en post-partum. Endométrites, métrites et mammites concernent en effet entre 5 et 25 % des vaches laitières européennes dans les 15 premiers jours de la lactation (voir graphe). Et 15 à 25 % de ces mêmes vaches souffrent aussi de cétose, un trouble métabolique lié à un déficit énergétique. Une vache qui présente une mammite a d’ailleurs deux fois plus de risques de souffrir de cétose que celle sans inflammation de la mamelle. Ce qui suggère un lien.

Déficit énergétique

Comme la maîtrise des maladies infectieuses doit être assurée sans augmentation du recours aux antibiotiques, les chercheurs veulent mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre. « Il est probable que l’altération des compétences de défense immunitaire de l’animal conduise à l’apparition de ces inflammations de la mamelle et de l’utérus », estime Gilles Foucras, de l’École vétérinaire de Toulouse, lors d’un colloque de l’Association française des techniciens de l’alimentation animale sur le sujet.

La modification de la réponse immunitaire de la vache laitière en post-partum est connue depuis le début des années 2000 : la mise bas et, surtout, la lactation expliquent un certain état d’inflammation générale de l’animal, qu’il arrive à gérer si ce phénomène n’est ni trop long ni trop fort. Plus la production est élevée, plus l’animal rencontre des difficultés. Un stress thermique, un stress social ou une difficulté digestive vont également réduire cette capacité à gérer l’inflammation.

Premier responsable, le déficit énergétique. Les infections mammaires accroissent le besoin énergétique de l’animal. Difficile de savoir précisément si c’est le manque d’énergie qui induit l’inflammation, ou l’inflammation qui augmente le besoin de l’animal, mais le fait est là : la vache qui souffre d’une inflammation et/ou de cétose doit consommer davantage d’énergie, alors même qu’elle a du mal à ingérer davantage de matière sèche.

L’excès d’azote a, quant à lui, un effet négatif sur la capacité des neutrophiles à phagocyter, puis détruire, les bactéries pathogènes. C’est vrai également d’un manque de calcium.

Lorsqu’il y a inflammation, l’animal a aussi besoin de davantage de vitamine E et de sélénium, deux molécules antioxydantes capables de lutter contre les radicaux libres produits par l’inflammation.

« La nutrition n’est pas seulement un soutien de la production laitière, mais aussi un moyen de soutenir la compétence immunitaire de l’animal », conclut Gilles Foucras.