Pour bien démarrer l’élevage d’une génisse, les premières heures de vie sont cruciales. L’usage de la case de vêlage doit être anticipé. Dans la mesure du possible, celle-ci ne doit pas faire office d’« infirmerie », mais être réservée à un seul animal à la fois, et être systématiquement aseptisée.
La désinfection du nombril du veau a également montré son efficacité pour limiter la mortalité lors du premier mois. Les mains de l’éleveur peuvent toutefois être source de contamination. « Mettez des gants si vous administrez à la génisse un bolus à la naissance. Sinon, vous annulez tout l’intérêt de la distribution d’un bon colostrum car vos mains ne seront pas suffisamment propres à ce stade très sensible », insistait Franck Gaudin, nutritionniste aux États-Unis, lors de la journée de conférences sur les génisses, organisée par Seenovia, en juin, dans la Sarthe.
Chasser les bactéries
Tout l’équipement de traite, mais aussi les biberons, tétines, voire les sondes destinées aux veaux, doivent présenter « moins de 100 000 unités formant colonie (UFC) de bactéries par ml, et moins de 10 000 UFC/ml de coliformes totaux », appuie Déborah Santschi, nutritionniste chez Valacta (Québec). Selon la spécialiste, rares sont les matériels réellement propres en élevage. « Nous avons testé 50 biberons, 60 % d’entre eux présentaient plus de 100 000 UFC/ml de bactéries totales et 40 % en contenaient même plus d’un million. Or, il est très risqué d’exposer un veau à une telle quantité de bactéries alors que son système immunitaire ne bénéficie pas encore des anticorps contenus dans le colostrum. »
Un colostrum « propre »
Par conséquent, la qualité sanitaire de ce dernier est un autre élément important au début de la vie d’une génisse. Une récente étude menée dans l’État du Wisconsin, berceau laitier des États-Unis, montre que dans 82 % des élevages, il dépasse le maximum admissible de 100 000 UFC/ml de bactéries totales.
Par ailleurs, le seul volume de colostrum donné au veau - 4 l sont généralement conseillés dans les premières heures de vie - ne suffit pas : la concentration en Immunoglobulines de type G (IgG) doit impérativement être prise en compte. « Le veau aura ainsi besoin de 4 l d’un colostrum à 50 g/l d’IgG pour en absorber les 200 g requis, mais plus de 7 l si la concentration n’est que de 30 g/l, précise Déborah Santchi. Plus le temps avant la première traite est long, plus la concentration en IgG se dégrade. »
L’ambiance dans le bâtiment est un autre point clé pour réussir l’élevage des génisses. « Le système respiratoire du veau est bien moins développé que celui du porcelet, et même sept fois moindre que celui du poulain, détaille Franck Gaudin. La qualité de la paille dans le box des veaux contribue à leur santé, en créant des zones de confort pour favoriser le démarrage. Elle doit être propre et sèche, sans moisissures, de même qu’en quantité suffisante pour recouvrir leurs pattes dans leurs premières heures de vie. » Il convient également d’assurer une ventilation suffisante pour évacuer l’ammoniac, très irritant, « mais sans créer de courants d’air. » Yanne Boloh