«Auparavant, lorsqu’une vache boitait, on administrait un anti-inflammatoire, et on levait la patte en dernier recours. Aujourd’hui, c’est l’inverse ! », se félicite Philippe Dalle, installé en Gaec avec sa sœur Thérèse à Villeneuve-sur-Fère, dans l’Aisne.

Si les éleveurs ne rechignent plus à intervenir eux-mêmes, c’est d’abord parce qu’ils se sont équipés. « En 2016, nous avons eu d’importants soucis de boiteries, se souvient Thérèse. Après l’expertise d’un pareur professionnel, il s’est révélé que près de 80 % des problèmes étaient d’origine mécanique, avec notamment des cas de fourbures. Peu de vaches étaient atteintes de la maladie de Mortellaro. » Des lésions, souvent dues à un corps étranger, que seule l’intervention sur le pied peut résoudre. « Une piqûre n’enlèvera pas un caillou coincé dans un onglon », sourit Philippe.

Les éleveurs choisissent donc d’investir dans une cage de contention, achetée d’occasion 1 500 euros en 2016. « Cela nous permet d’intervenir en sécurité, soulignent-ils. Nous évitons les coups de pied et nous travaillons de manière précise et sereine. »

Toutefois, avoir le bon matériel ne suffit pas. « Malgré l’achat de la cage, je ne me sentais pas vraiment à mon aise pour soigner les pieds, car je ne connaissais pas la méthode requise, reconnaît Philippe. Je taillais l’extérieur des onglons, mais je n’osais pas toucher au centre. Tout l’inverse de ce qu’il faut faire ! »

Une vache par mois

Les éleveurs décident alors de se former auprès de leur structure de conseil en élevage (lire l’encadré). Une étape décisive. « Aujourd’hui, nous n’avons plus peur d’intervenir, déclare Thérèse. Lorsqu’on détecte une vache qui boite, son pied est examiné au plus tard dans les deux jours qui suivent. Nous soignons une vache par mois en moyenne. » Et la technique semble désormais bien rodée. « J’utilise principalement la reinette, et la cisaille si nécessaire, ajoute Philippe. J’ai également un disque abrasif spécifique pour ma meuleuse, acquis pour quelques dizaines d’euros. Je réalise le parage de première nécessité, et j’enlève les corps étrangers. Je n’hésite plus à tailler le milieu des onglons, pour que les souillures s’évacuent correctement. Cela évite les infections. »

Malgré tout, l’ensemble du troupeau est passé en revue une fois par an, entre janvier et février, par un pareur professionnel, « afin de préparer au mieux les animaux pour la sortie au pâturage ».