«Une prolifération non-maîtrisée des mouches peut rapidement rendre un élevage invivable et engendrer des problèmes de voisinage. » Gaëtan Piret, éleveur caprin, à Claix, en Isère, sait de quoi il parle. « Une année, nous avons vécu un été infernal. Nous étions envahis à l’intérieur comme à l’extérieur du bâtiment. Il était impossible de manger dehors. Mes voisins ont commencé à se plaindre. Il fallait faire quelque chose. »

Ne souhaitant pas appliquer de produits chimiques, l’éleveur s’est tourné vers les méthodes alternatives. « J’ai tout d’abord testé la pulvérisation d’huile de neem diluée dans de l’eau avec du savon noir. Mais ce procédé n’a pas donné entière satisfaction. »

En 2016, avec la collaboration du GDS de l’Isère et sa filiale commerciale Agro-direct, il tente l’introduction d’auxiliaires prédateurs.

« On emploie des hyménoptères parasitoïdes, appelés aussi miniguêpes. Avec leurs œufs, elles viennent parasiter les pupes des mouches dont elles s’alimentent. Les larves qui en sont issues se nourrissent ensuite de la pupe morte, qui ne deviendra donc jamais une mouche adulte », explique Baptiste Martin, responsable chez Agro-direct. « En s’attaquant directement aux larves, on diminue fortement la population de mouches », appuie Gaëtan. Les miniguêpes restent au sol au-dessus du fumier, et ne constituent pas une nuisance pour les chèvres.

Simplicité d’application

La mise en place de cette méthode est assez simple. En début de saison, un protocole est établi avec Agro-direct, qui fixe les dates de livraison des produits et les quantités nécessaires. Après le curage de printemps, Gaëtan reçoit par voie postale trois boîtes de 15 000 miniguêpes, puis deux quinze jours après. Les livraisons de colis de deux boîtes sont ensuite espacées d’un mois jusqu’à la fin du protocole, vers la mi-octobre. « Il suffit de saupoudrer le contenu sur la litière, indique Gaëtan. Cela ne prend que quelques minutes. »

En trois ans de pratique, l’éleveur est très satisfait. « Les chèvres se portent mieux et sont plus calmes. » Pour le responsable d’Agro-direct, l’enjeu est aussi d’ordre sanitaire. « Les mouches sont vectrices de nombreuses maladies. Il est primordial de maîtriser leur prolifération. »

Quant au coût, il est similaire à celui d’une lutte chimique. « Il faut compter 32 euros HT la boîte de 15 000 mini-guêpes. Une lutte à l’année me revient à près de 600 euros HT », chiffre Gaëtan.