«Il y a 30 ans, nous avons eu des cas de BVD, qu’on appelait alors maladie des muqueuses, se souvient Guy Ravenel, installé avec son fils Johan et son cousin Damien Leclerc, à Aincreville (Meuse). Nous avions perdu quelques bêtes. C’était épouvantable de voir les animaux dans cet état : ils bavaient, se vidaient, ne pouvaient rien ingérer… Alors quand le programme d’éradication s’est mis en place dans le département, nous avons décidé de nous y engager volontairement. »
Au Gaec de la Haute-Maison, le cheptel, laitier et allaitant, compte 330 animaux. Les agriculteurs utilisent le dispositif de dépistage du Groupement de défense sanitaire (GDS) de la Meuse depuis quelques semaines. « Le procédé est simple, explique Audrey Moinaux, en charge du suivi du programme au GDS. La nouvelle boucle fournie aux éleveurs permet de prélever un morceau de cartilage dans l’oreille du veau pour analyse. Elle sert également à l’identification. Ce système agréé au printemps, évite de poser une troisième boucle. L’éleveur récupère l’échantillon et l’envoie au laboratoire pour analyse dans une enveloppe T. Les résultats sont connus en quelques jours. » L’objectif est de détecter les veaux infectés permanents immuno-tolérants (Ipi), principaux vecteurs de la maladie.
Plan généralisé en 2017
La diarrhée virale bovine (BVD, ou maladie des muqueuses) sévit dans la région depuis de nombreuses années. Son coût est estimé à 7 € par animal et par an pour l’ensemble du troupeau meusien. Ni les vaccinations, ni les plans de lutte déjà engagés n’ont permis d’en venir à bout. La difficulté tient à la façon dont cette maladie virale se transmet : si une vache est en contact avec le virus entre le premier et le cinquième mois de gestation, elle le transmet au fœtus, qui l’intègre dans son système immunitaire. Le veau naît Ipi, n’élimine pas le virus et l’excrète en permanence. La maladie est facilement transmissible par contact direct, de mufle à mufle, notamment pour les veaux.
S’inspirant de ce qui a été mis en place dans les pays voisins (lire l’encadré), le GDS a décidé de lancer ce plan d’éradication, qui entre aujourd’hui dans sa phase active. Une zone pilote a été définie dans le nord du département, où la détection est systématique. Le procédé sera généralisé à l’ensemble du département l’an prochain.
Le Gaec de la Haute-Maison ne fait pas partie de cette zone pilote et, pour les trois associés, la démarche ne sera efficace que si elle est collective, d’où leur engagement. « La manipulation est simple, souligne Damien Leclerc. Et le tarif raisonnable, à comparer à ce qu’engendrerait financièrement la maladie. »
En cas de détection d’un veau positif, un second contrôle par prise de sang est effectué. Si le veau est toujours déclaré positif, une enveloppe départementale permet d’indemniser l’élimination de l’animal : 115 € pour un veau laitier de moins de six mois, 230 € s’il a plus de six mois, 250 € pour un veau allaitant quel que soit l’âge. Toutefois, cette enveloppe ne sera pas maintenue dans les prochaines années.
Depuis la mise en place du dispositif, 60 % des naissances sont contrôlées. Le GDS estime qu’il faudra cinq ans pour éradiquer totalement la maladie.