Et si chacun recevait 150 € par mois pour manger mieux ? L’Assemblée nationale n’a finalement pas eu le temps, le 20 février 2025, de débattre de la proposition de loi visant à expérimenter une sécurité sociale alimentaire. Mais des territoires urbains et ruraux ont déjà lancé des expérimentations locales. C’est le cas à Lyon depuis l’automne 2024.
Dans le 8e arrondissement, choisi pour sa mixité sociale, une centaine de foyers se sont portés volontaires. Chacun cotise selon ses moyens et reçoit 150 € à dépenser chaque mois dans des commerces partenaires. « Pour répondre aux principes d’universalité, de démocratie et de solidarité, il fallait toucher des gens de tous les milieux et les rendre acteurs de leur alimentation, souligne Jérémy Camus, élu en charge de l’alimentation à la métropole. Trente familles ont construit le dispositif : réparti le budget, rédigé une charte, choisi des commerces… »
Chacun est invité à cotiser selon un barème indexé sur les revenus, mais le système repose sur la confiance. Une cotisation minimale mensuelle de 1 € déclenche le versement des 150 €, ou davantage selon la composition du foyer.
Agriculture locale
Quatorze commerces sont conventionnés : magasins bio, maraîchers sur les marchés, Amap, épiceries sociales et solidaires… « En plus du droit à l’alimentation saine et durable pour tous, l’objectif est d’offrir des débouchés aux producteurs locaux, reprend Jérémy Camus. Dans le cadre de l’expérimentation, les volumes sont limités. Mais déjà, cela reconnecte à l’agriculture des publics qui en sont éloignés. »
L’expérimentation est financée à 46 % par la métropole et 27 % par l’État, le reste étant autofinancé par les cotisations. « Au total, cela a mobilisé 270 000 € de fonds publics », indique Jérémy Camus. Coûteux ? Pas si l’on flèche de l’argent déjà mobilisé dans des politiques sociales, répond en substance l’élu : « Dans notre département, la protection de l’enfance mobilise 3 millions d’euros par an, utilisé à 80 % pour l’achat de nourriture. Une sécurité sociale alimentaire permettrait à ces publics précaires de choisir ce qu’ils mangent et de soutenir l’agriculture locale et durable. »
Le Collectif pour une Sécurité sociale de l’alimentation estime cette mesure à 120 milliards d’euros pour la France.