De plus en plus tôt, les enfants parlent comme des grands, ont un langage très en avance. Cela peut être difficile pour les parents. Ne vous faites pas avoir par sa façon de s’exprimer. Votre fils n’a que dix ans. C’est un enfant, un apprenti, pas un adulte miniature. Il peut décider de certaines choses, mais pas de tout. Ne pas rentrer dans le jeu qu’il propose, ne pas se mettre à son niveau est essentiel. Rappelez-lui la règle : « Il est 21 heures, tu éteins, c’est l’heure. » Même s’il rechigne, en réalité, il est rassuré, parce qu’il sait que vous savez ce qui est bon pour lui. Vous êtes des adultes sur lesquels il peut s’appuyer. Ne confondez pas sa réaction superficielle (désaccord), de ce qu’il se passe en profondeur (réassurance).

Les parents doivent être protecteurs, se positionner au-dessus de l’enfant. Au début de sa vie, la relation est verticale. Elle s’incline très progressivement à l’horizontale, jusqu’à ce que le jeune quitte le foyer en adulte autonome. S’il sent qu’il a plus de poids que ses parents, cela le met dans une insécurité profonde. L’angoisse chez les sept-douze ans peut avoir des répercussions graves : troubles anxieux, insomnies, peur du noir digne d’un tout-petit, impossibilité de se séparer des parents, etc. Et ils recherchent le moment où le parent montrera qu’il est celui qui sait et les protège.

Traiter son enfant comme s’il était plus grand que son âge n’est possible que si celui-ci est en mesure de faire face à la situation. Si le parent lui donne une responsabilité ponctuelle et pas systématique : « Tu surveilles ta petite sœur pendant que je vais voir les bêtes… » S’il se fait disputer parce qu’il a failli, alors que la mission n’était pas de son âge, l’enfant se dit : « Je suis nul, je n’ai pas été capable ! » C’est une atteinte à son estime de lui-même.

Nous avons l’impression d’être respectueux en parlant à nos enfants comme à des grandes personnes. Nous leur expliquons tout, nous leur demandons s’ils sont d’accord… S’adresser aux sept-douze ans comme à des adolescents et aux ados comme à des adultes, c’est vouloir construire le premier étage d’une maison sans avoir bâti le rez-de-chaussée. A dix ans, un enfant est un enfant.

(1) Auteur de Traitez-les comme des mômes ! Éditions Marabout (2016).