«C’était en mars 2015, quelques jours avant le vote du budget prévisionnel communal. J’étais première adjointe et responsable des finances de notre ville de 4 500 habitants, depuis un an. Ces fonctions étaient très intéressantes, c’était un bel engagement. Pourtant, j’ai choisi de démissionner. Car je ne pouvais pas exercer ce mandat en restant « vraie », fidèle à mes principes ! Notre exercice a débuté de façon chaotique. Notre liste avait, en effet, été élue sur un programme de diminution de l’endettement de la ville. Et, peu après les municipales, nous avons voté les indemnités des élus. Logiquement, en raisonnant comme sur ma ferme, j’ai voté contre l’attribution d’une enveloppe maximale. Cela m’a valu de perdre la responsabilité de la gestion du personnel communal…
J’ai rapidement constaté que les priorités initiales de l’équipe n’étaient plus là. Les décisions de fond étaient prises à court terme et pas toujours cohérentes avec l’intérêt collectif. De plus, le vote divergent n’était pas accepté… Ayant été dix ans secrétaire de mairie dans une autre commune (j’ai quitté cet emploi en 2012 pour m’installer avec mon mari), je n’imaginais pas que ce genre de choses était possible.
Ma démission, une libération
Mes responsabilités municipales, je les trouvais passionnantes. Elles n’ont jamais été une surcharge. Nous nous étions organisés sur l’élevage, avec un stagiaire, l’aide de nos enfants, et j’acceptais sans difficulté de réduire mon temps libre. Seul problème : je ne pouvais plus mettre ma logique de côté pour « accepter de faire avec certaines choses », comme on me l’a suggéré.
Annoncer ma démission fut une libération. Sans toutefois être « la solution de facilité », comme certains me l’ont rétorqué. Être seule pour prendre ma décision, me retrouver face à cet échec et rester incomprise par la population sur mon choix, ces trois choses m’ont été difficiles. Mais je ne regrette pas ! Les formations en développement personnel que j’ai suivies dès 2012, avec les groupes de développement agricole de ma région, m’ont conduite à oser me présenter sur une liste (c’était la première fois ). Elles m’ont aussi permis d’assumer mes responsabilités et à oser en sortir pour rester intègre. J’ai puisé pendant ces stages de précieuses ressources pour garder confiance durant une telle expérience. »