Montrer l’exemple
« L’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul. » Nous avons fait nôtre cette citation de Gandhi. La collectivité doit montrer l’exemple, y compris dans la production agricole. L’objectif est d’assurer la souveraineté alimentaire de notre territoire. Nous avons donc créé une filière locale « De la graine à l’assiette », où la ville est un acteur majeur. En 2012, nous avons acheté un droit d’exploitation agricole sur un terrain de 8 hectares, loué jusque-là à un céréalier, pour y installer une exploitation maraîchère bio. « Les jardins du trèfle rouge » sont gérés par une entreprise d’insertion qui emploie vingt-cinq personnes. Ses légumes sont en majorité à destination des particuliers (marché, paniers…). Mais ce n’était pas suffisant.
Une régie agricole
En 2015, nous avons voulu aller plus loin vers l’autonomie en mettant en place une régie agricole, afin d’exploiter 4,5 hectares supplémentaires. Un agriculteur communal a été embauché pour augmenter la production de fruits et légumes et approvisionner les cantines de cinq villages. Nous expérimentons les techniques de la permaculture. Nous aurions pu aider un jeune maraîcher à s’installer, selon le modèle classique, mais il nous a paru plus simple que la collectivité s’en charge. Elle est plus à même de supporter les années de démarrage difficiles, surtout en cas d’aléas climatiques comme en 2016.
Plus-value sociale
La mise en place d’une régie communale ne coûte pas cher à la ville. Nous utilisons des chevaux pour travailler la terre. Il faut simplement du foncier – nous l’avions déjà – et adapter les outils à la traction animale. Par ailleurs, les chevaux conduisent les enfants à l’école et sont utilisés pour différents transports… Il y a donc une plus-value sociale appréciable.
Notre régie s’inscrit dans un projet global. Une cuisine collective bio, certifiée Ecocert, a été construite. Nous servons cinq cents repas 100 % bio, tous les jours. Les surplus sont transformés dans une conserverie. Un hectare de la régie est réservé à la production d’orge pour la future microbrasserie. La régie communale fait le relais entre la cuisine centrale et la production. Les repas sont planifiés un an à l’avance et ajustés en fonction des rendements.
La ville doit s’impliquer
Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés qu’un agriculteur. Même avec la Pac, c’est compliqué ! Après un an de fonctionnement, les résultats sont loin d’être concluants, notamment au niveau de la main-d’œuvre. Heureusement que les citoyens sont présents pour donner un coup de main. La rentabilité n’est pas attendue avant trois à cinq ans. C’est le temps agricole, qui est bien au-delà d’un mandat électoral. Il faut un certain courage politique… Si une ville a pour ambition d’être autonome, elle doit s’impliquer dans les circuits courts, y compris dans la production.