Christine Monier est installée, depuis 1997, sur l’exploitation familiale située à Perpezat (Puy-de-Dôme) entre le massif du Sancy et la chaîne des Puys : « Mes grands-parents et mes parents ont fabriqué de la fourme de Rochefort-Montagne avant nous. Ce fromage au lait de vache 100 % fermier, dont la pâte pressée est douce et onctueuse, fait partie de notre patrimoine. »

L’installation de son fils, Pierre-Louis Mingat, en 2010, motive la construction d’une stabulation en logettes de 56 places au cornadis et d’une fromagerie aux normes CEE pour un investissement de 410 000 €. Une partie du lait produit par les 60 vaches laitières, prim’holsteins et montbéliardes, est transformé en 4 t annuelles de fourme fermière de Rochefort-Montagne, le reste du lait étant livré à la laiterie Dischamps.

 

Un magasin de vente a été construit en 2016 avec l’arrivée de Sonia, la troisième associée du Gaec du Puy du Loup. © Monique Roque Marmeys
Un magasin de vente a été construit en 2016 avec l’arrivée de Sonia, la troisième associée du Gaec du Puy du Loup. © Monique Roque Marmeys

Une gamme étoffée

« Nos vaches sont essentiellement nourries avec l’herbe et le foin de nos prairies naturelles », souligne Pierre-Louis, qui achète localement du foin de luzerne, du maïs épi, des céréales et de la pulpe de betterave en complémentation. Le fromage est vendu à des particuliers, des restaurateurs, des épiciers ou encore des revendeurs. De plus, le magasin de la laiterie de Laqueuille écoule 20 % de leur production.

C’est sur une suggestion de Laura Bellot, la compagne de Pierre-Louis, qu’un nouveau fromage est fabriqué à partir de 2014. Ses parents, éleveurs à Laqueuille (Puy-de-Dôme), produisaient de la fourme de Rochefort-Montagne et un plus petit fromage dont ils cèdent les moules à leur cessation d’activité. Le petit pradoux, soit nature, soit parfumé au poivre du Cameroun, étoffe dès lors la gamme. « Cette spécialité, qui représente actuellement 25 % de la fabrication, plaît beaucoup. Son joli format rond et son poids de 1 kg en font un cadeau idéal aussi bien pour les touristes que pour les autochtones, précise Christine. Pour Noël, nous en faisons une version “festive” avec des noix. »

 

La cave permet l’affinage de 10 t de fromages par an. © Monique Roque Marmeys
La cave permet l’affinage de 10 t de fromages par an. © Monique Roque Marmeys

En 2016, le projet d’installation de Sonia Mazal, une nièce de Christine, favorise la construction d’une cave et d’un magasin de vente sur l’exploitation. L’affinage se faisait jusqu’alors dans une cave naturelle et dans une cave collective (à présent fermée). Pour Sonia, auparavant chargée des ventes dans un Gaec produisant des yaourts : « Je vends aujourd’hui un fromage de cœur, celui que je fabriquais enfant avec ma grand-mère ! »

Pour dégager un revenu supplémentaire et fort d’une nouvelle dynamique de vente, les trois associés ont augmenté leur production de fromages pour atteindre 10 t annuelles. Laura est salariée à mi-temps sur l’exploitation depuis 2020. Elle y est polyvalente comme Christine, tandis que Pierre-Louis est plus spécialisé en élevage, et Sonia dans la fabrication et la vente des fromages.

Innover dans les ventes

« Nos clients sont fidèles. D’une année sur l’autre, certains touristes n’hésitent pas à sortir de l’autoroute pour faire un crochet par la ferme des Pradoux, expliquent les éleveurs, dont les ventes sont maximales entre juillet et décembre. Nous faisons du stock de mars à juin. »

Leur communication est active sur les réseaux sociaux. « Savoir s’adapter fait partie de notre métier ! Pendant le confinement, nous avons développé des ventes groupées avec deux autres producteurs de fromages, le Gaec Sudre fabriquant des AOP Fourme d’Ambert et Bleu d’Auvergne à Gelles, et le Gaec Dussap­ produisant du saint-roch à Ceyssat (Puy-de-Dôme), indique Sonia. Les clients limités dans leurs déplacements allaient à la ferme la plus proche de chez eux. Cette initiative nous a apporté de nouveaux clients. »

Quant à Laura, elle a eu l’idée de contacter le food truck « Le plan B », circulant dans la région, pour proposer des burgers. Soucieux de s’approvisionner en produits locaux de qualité, Kevin, le gérant, achète désormais de la fourme de Rochefort-Montagne. « Les ventes de deux burgers avec ce fromage sont en nette augmentation », révèle le jeune homme, qui se fournit en légumes frais, en pain et bientôt en viande auprès de producteurs locaux.

Monique Roque-Marmeys