«Les exploitations laitières, minoritaires dans l’Allier par rapport à celles en système allaitant, se sont spécialisées en augmentant leurs moyens de production : en dix ans, la SAU est passée de 110 à 169 ha, dont 78 % de surfaces fourragères. Quant au cheptel, sur la même période, il a évolué de 55 à 85 vaches pour une production moyenne de 650 000 l contre 310 000 l avec une augmentation de productivité de 2 000 litres par vache », explique Chloé Mahieu, conseillère agricole au CER à Vichy.
L’excédent brut d’exploitation (EBE) atteint 623 €/ha en 2019 avec un prix du lait de 365 €/1 000 l. Et pour 2020, il est estimé à 577 €/1 000 l avec une marge en recul à 230 €/1 000 l. Cette baisse est corrélée à une diminution du prix du lait au niveau national en lien avec la conjoncture sanitaire et l’évolution des marchés et à une hausse du coût des matières premières en fin d’année.
Le marché du lait, essentiellement tourné sur le lait UHT dans l’Allier, qui ne détient aucun fromage reconnu en appellation d’origine protégée (AOP), a toutefois bien résisté malgré la sécheresse et le Covid. Le volume de production s’est maintenu même si l’interprofession avait appelé à une baisse. En plus d’une bonne maîtrise technique de leur production, les éleveurs sont conscients qu’ils devront adapter leur stratégie en tenant compte des attentes sociétales dans leurs conditions d’élevage (bien-être animal, alimentation non OGM, pâturage) et de leur empreinte environnementale (bilan carbone).
Réfléchir tôt à sa relève
« Les systèmes laitiers sont gourmands en main-d’œuvre avec 2,45 UTH dont 0,5 salarié, précise Chloé Mahieu. Un tiers des exploitants a plus de 55 ans et cette production attire peu de porteurs de projets. Les éleveurs obtiennent en moyenne un revenu de 18 400 €/UTH. L’actif de l’exploitation est de 769 000 € hors foncier. » Le CER Terre d’Allier s’interroge sur les perspectives d’installation à moyen et long terme et sur le financement de ces fermes. Il met l’accent sur la valeur réelle d’une exploitation qui peut être la résultante d’un tryptique composé de la valeur patrimoniale, celle de la rentabilité et de la reprenabilité.
Face à la complexité du sujet, le CER insiste sur la nécessité de largement anticiper son départ à la retraite. Il préconise de commencer à réfléchir et de planifier une transmission au moins cinq ans avant l’arrêt d’activité. M. Roque-Marmeys