D’un côté, des éleveurs précurseurs sur les questions de l’énergie et de l’environnement. De l’autre, une collectivité qui cherche à compenser son empreinte environnementale. Le premier projet normand de valorisation marchande du carbone séquestré dans le bocage est né de cette rencontre de l’offre et de la demande sur le territoire. Effectif depuis 2020, il réunit aujourd’hui sept agriculteurs du Centre-Manche du GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental) « développer des exploitations à énergie positive » et le conseil départemental. La chambre départementale d’agriculture assure l’accompagnement technique.

Une réflexion sur l’hydrogène

Les agriculteurs sont engagés pour dix ans. La tonne de carbone leur est rémunérée à 80 €. Chaque exploitant, qui a engagé au maximum 10 km de haies, va pouvoir valoriser environ 3 tonnes par an et par kilomètre. Les paysans s’engagent en s’appuyant sur un plan de gestion des haies et peuvent continuer à les exploiter en conformité avec le cahier des charges. Quant au département, il compense ainsi ses consommations de papier. Il souhaite plus largement redynamiser le bocage. La collectivité espère d’ailleurs que l’expérience incitera les entreprises privées à se positionner, d’autant plus que le dispositif est bien cadré au niveau national avec la méthode Carbocage (lire le dossier p. 48).

Le GIEE du Centre-Manche continue d’avancer. Le groupe mène actuellement des réflexions sur la production d’hydrogène. « Nous pourrions créer une production avec l’électricité des panneaux solaires ou des méthaniseurs. Si nous parvenons à nous associer à une société de transport routier locale pour lui fournir le carburant, ce serait gagnant pour l’environnement et le territoire », anticipe Jean-François Laurent, le président du GIEE.

Alexis Dufumier