Le 1er avril, les producteurs d’œufs ont bloqué des centres de conditionnement dans le Morbihan, les Côtes-d’Armor, les Deux-Sèvres et le Maine-et-Loire, à l’appel des FRSEA Bretagne et Pays de La Loire, et de la Confédération française de l’agriculture (CFA).
Devant le centre Matines à Évellys (Morbihan), ils étaient une trentaine pour empêcher la sortie des camions vers la grande distribution. Étaient particulièrement visées les livraisons à destination des magasins Auchan, Casino, Aldi, Cora, Metro, Intermarché et Super U. Cette action fait suite à deux mobilisations dans les rayons des supermarchés les 17 et 25 février à Rennes et Nantes, restées sans réponse.
Un centime par œuf
Les producteurs réclament une revalorisation d’un centime par œuf pour couvrir la hausse du coût de production due à la flambée des matières premières. « Le prix de l’aliment a augmenté de 50 à 60 €/t depuis début 2020 », témoigne Patrick Hamon, éleveur à Saint-Martin-des-Prés (Côtes-d’Armor). Sachant que l’alimentation représente les deux tiers du coût de production, 1 ct/œuf permettrait de compenser ce surcoût. Pour l’élevage de 126 000 poules de Patrick Hamon, cela représente 250 000 € depuis l’été 2020. « Pour l’instant, les centres de conditionnement en supportent la charge car les contrats avec les éleveurs sont indexés sur l’aliment. Mais pour combien de temps ? », interroge-t-il. Cette hausse aurait dû être prise en compte lors des négociations commerciales (lire l’encadré). Désabusés, les éleveurs ont pourtant été au rendez-vous lors du premier confinement : « L’œuf cage (code 3) remplissait les rayons, aujourd’hui, on le refuse. »
Face à la demande sociétale, la filière s’est donnée pour objectif d’aboutir à 50 % d’œufs alternatifs (sol, plein air, bio) à l’horizon 2022. Il a été atteint fin 2020. En 2017, Patrick a investi 600 000 € pour transformer un bâtiment cage en plein air. Et pour compenser la baisse du cheptel, il a rénové un bâtiment en bio sur un autre site pour 550 000 €. Des investissements lourds alors que les aménagements en cage bien-être, imposés par la loi en 2010, de 2,5 M€ n’étaient pas encore amortis. Les éleveurs sont pris en otage entre l’évolution des demandes sociétales et les exigences du bas coût imposées par la grande distribution. Isabelle Lejas