« La situation est invivable ! » Les éleveurs qui subissent la prédation des loups le martèlent depuis 30 ans. Et ils l’ont encore répété les 1er et 2 juin 2023 lors des assises de la prédation organisée par la FNSEA, JA, les chambres d’agriculture, la FNB (1), la FNO (2), et la FNC (3) à Chorges dans les Hautes-Alpes. Ils sont fatigués et se sentent seuls face à ce fléau alors que le nouveau plan loup 2024-2029 est en cours d’élaboration.
Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, a accordé un échange en visioconférence. Il a reconnu que la prédation rendait parfois incompatible l’activité de l’élevage. « Il faudra être clair sur la question des effectifs de loups », a-t-il aussi déclaré. Dès lors que le seuil de 500 loups est atteint, « la question est de savoir à quel moment on accepte la stabilisation et non la progression de l’effectif ».
500 loups, et pas plus
Pour les syndicats, il n’est pas question d’accepter plus que le seuil fixé par le Muséum national d’histoire naturelle et l’Office national de la faune sauvage. « Tous les points du prochain plan ne sont pas arbitrés », a déclaré Jean-Paul Celet, le préfet coordonnateur du plan loup. Si l’assouplissement du protocole de tir semble envisageable, « il faudra rester dans le cadre légal de la directive pour ne pas risquer d’être attaqué par le Conseil d’État », a-t-il ajouté.
Marc Fesneau a aussi expliqué qu’il n’y avait pas de raison de « freiner » les tirs au printemps. Un prédateur mort au début de l’année ne risque pas d’attaquer les troupeaux plus tard. « Concernant la prévention des dommages, nous avons besoin de regarder ce qui protégeable de ce qui ne l’est pas, et que cela ne soit pas un frein à l’indemnisation des dommages », a-t-il indiqué. L’enjeu étant de contenir le budget financé par la Pac. Le ministère de la Transition écologique ne prend en charge que les dommages.
Reste que Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’Écologie, (corédactrice du plan loup) n’est pas venue prendre connaissance des doléances des syndicats. Elle a envoyé une vidéo, accueillie fraîchement par les 150 congressistes. « Cette absence est symptomatique d’un désengagement que les éleveurs constatent depuis des années sur le sujet des prédateurs », ont déclaré les syndicats. A contrario, les syndicats peuvent compter sur le soutien d’élus (4) qui ont mis en avant sur le rôle positif de l’élevage sur leurs territoires. Claude Font de la FNO a toutefois insisté sur l’urgence de la situation. « La prédation est un problème humain qui ronge les éleveurs. »
(1) Fédération nationale bovine.
(2) Fédération nationale ovine.
(3) Fédération nationale du cheval.
(4) Pascale Boyer, présidente de la Fédération nationale des élus de montagne, Denise Leiboff, présidente de la Fédération nationale des communes pastorales, Fabrice Pannekoucke, conseiller régional de l'Auvergne-Rhône-Alpes, Jean Bacri, sénateur du Var, Antoine Armand, député de la Haute-Savoie.