« Le plan loup est un échec ! lance Claude Font, de la Fédération nationale ovine (FNO), ce 3 octobre 2018 lors d’une conférence de presse au Sommet de l’élevage. Il faut tout remettre à plat, car les éleveurs qui subissent la prédation vivent un enfer. » Pour appuyer les éleveurs, les maires de l’Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales (Usapr) sont également venus témoigner.

Le tourisme rural menacé aussi

Les éleveurs sont des professionnels « qui n’ont plus la possibilité de travailler et de vivre correctement », assure Pierre-Yves Bonnivard, le président de l’Usapr, précisant que le secteur touristique est lui aussi impacté par l’arrivée des loups. Les touristes apeurés par les chiens de protection, ne reviennent plus en montagne.

« Et pourtant, l’État s’est fixé 100 millions de touristes par an en France, ajoute-t-il. De quel tourisme parle-t-on ? La volonté de maintenir un tourisme rural entretenu par nos agriculteurs existe-t-elle encore. »

« Je suis résigné »

Jacques Courron a fait le trajet depuis Gourdon, dans les Alpes-Maritimes, pour témoigner de son expérience de la prédation. Il la subit depuis près de 25 ans. « Je suis résigné », lâche-t-il. En Savoie, la MSA s’engage à aider les éleveurs à surmonter les traumatismes subis. Un service d’écoute téléphonique est disponible.

Colette Violent, élue de la MSA, a présenté le guide destiné aux éleveurs. « Il a été réalisé d’après des enquêtes auprès des exploitants concernés pour mieux cerner les besoins », détaille-t-elle. Un film est aussi en cours de finalisation. Il sera projeté lors de débats. La MSA des Alpes du Nord a aussi mis en place un service d’aide au remplacement « car les éleveurs n’en peuvent plus ».

Michèle Boudoin, présidente de la FNO, espère bien voir le dossier avancer. « Ça bouge, annonce-t-elle, faisant référence à la résolution sur le pastoralisme votée la veille à une très grande majorité par le Sénat. La question de la prédation sera abordée la semaine prochaine au congrès européen des agriculteurs et « on trouvera des alliances », déclare-t-elle confiante.

Opposition à la conditionnalité des indemnisations

Rebondissant sur la proposition de résolution sur le pastoralisme adoptée mardi par le Sénat, la Confédération paysanne rappelle dans un communiqué diffusé le 3 octobre 2018, « son opposition à la mise en place d’une conditionnalité entre moyens de protection et indemnisations. Nous redisons aussi notre opposition à toutes formes de zonage ou de gestion différenciée. »

Car là où le ministère parle de « zone difficilement protégeable », le syndicat voit « avant tout une “zone difficilement finançable”. Cette “zone difficilement protégeable” est une stratégie purement libérale qui va conduire les éleveurs-ses dans le mur, ne pouvant régler seuls un problème qui relève avant tout de la responsabilité de l’État. »

M.-F. Malterre