« L’été dernier, j’ai perdu 5 brebis à cause des loups et j’ai aperçu un lynx. » Danilo Garnier est éleveur de 120 brebis et chèvres à Val Pellice, dans le Piémont. Il est aussi berger. En été, il garde 400 brebis en alpage, qu’il prend en pension aux autres éleveurs. Après sa première attaque de loup en 2002, il a rapidement pris des chiens de protection, quatre au total, de la race de Maremme et Abruzzes. Il a mis aussi en place des filets de protection. Se préserver des loups est difficile. Il est interdit de leur tirer dessus, qu’importe la situation, et il n’existe pas d’équivalent aux louvetiers sur lesquels compter.

Souscrire une assurance privée

Comme en France, la mise en place de moyens de protection est obligatoire pour obtenir un dédommagement lors d’une attaque. L’Italie étant un pays décentralisé, cette indemnisation n’est pas payée par l’État mais par les régions. « Il y a quelques années, c’était la région Piémont qui remboursait. Mais rapidement, l’indemnisation s’est arrêtée par manque de moyens », explique Danilo Garnier. Cette dernière était appliquée dans le cadre d’une collaboration de la région au sein d’un programme de recherche qui s’est clôturé.

De même, la mise en place des moyens de protection n’est pas financée. Pour être dédommagés, les éleveurs doivent souscrire à des assurances privées qui organisent elles-mêmes l’équarrissage. Lorsqu’il y a prédation, il faut ainsi faire venir le vétérinaire. Mais sans assurance, les éleveurs piémontais doivent le rémunérer. Certains hésitent ainsi à déclarer la prédation… Et le cercle vicieux s’enclenche. « Puisqu’il n’y a pas de constatation de prédation, il y a donc peu d’attaques de loups recensées », confirme Danilo Garnier. Pour le vice-président de la région Piémont, Fabio Carosso, c’est un problème. « Le coût des dommages du loup est moins élevé en Piémont que celui dû à la punaise asiatique. »

Un nombre de loups incertain

Si la prédation est difficilement comptabilisable, le nombre de loups sur le territoire est aussi sujet à débat. Plus de 2 000 sont enregistrés en Italie, dont 195 en Piémont. Dans la région, c’est le groupe de recherche Life Wolf Alps qui réalise ce comptage, à l’aide des méthodes de recensement de terrain.

Alessandro Bassignana, ancien vice-président de l’association de chasse comptabilise le nombre de loups retrouvés morts dans la région. L’an passé, une trentaine a ainsi été évaluée. « Leur nombre total est probablement sous-estimé », souligne ce dernier. Le braconnage, bien qu’interdit, est constaté et peut également modifier les chiffres.

Ce comptage et la gestion des indemnisations sont effectués de manière différente d’une région à l’autre. Afin d’harmoniser un peu plus ces politiques de gestion, un plan loup national est en cours de préparation. Une tentative avait été menée en 2017 mais s’était soldée par un échec.

> À lire aussi :Près de 600 loups en France (09/06/2020)

Virginie Montmartin