Un lot de 100 brebis et 150 agneaux, récemment mis à l’herbe, a été attaqué dans un pré situé à 100 m de la maison de l’éleveur, elle-même implantée au cœur d’un hameau. Denis Brugière, qui élève 300 brebis île-de-France à Collandres (1 100 m d’altitude) dans les monts du Cantal, a entendu une agitation anormale au sein du troupeau dans la nuit du 3 au 4 mai. Il s’y rend et découvre des cadavres et des animaux en train d’agoniser. Il pense avoir dérangé le ou les prédateurs. Deux agents de l’ONCFS (1) viennent expertiser les dégâts le lendemain. Le bilan s’alourdit au fil de la journée jusqu’à la perte de 8 brebis et 23 agneaux. « Un vrai carnage ! Mes animaux étaient en pleine santé, avec un bon potentiel de développement pour des agneaux de 45 jours pesant entre 13 et 18 kg. Cette vision d’animaux égorgés avec les trachées ouvertes, ensanglantés, à moitié vidés, pour certains agonisants, est insupportable ! » Dans une autre parcelle, Denis Brugière trouve encore une brebis égorgée et trois autres manquent à l’appel dans ce lot de dix brebis vides. En novembre dernier, il a déjà subi deux attaques et la perte de douze brebis. Il croit à des approches de loups au regard des dégâts.

Pas de solutions efficaces

« Je finis ma carrière en étant désabusé, alors que j’adore mon métier, explique l’éleveur. Mon fils s’apprête à reprendre le flambeau, mais je suis très inquiet pour lui. Nous n’avons pas de solutions efficaces pour lutter contre le loup. Des indemnisations ne suffisent pas à compenser les préjudices causés. Où faire pâturer nos animaux sans crainte ? » L’angoisse monte dans le département où la présence d’un loup d’origine transalpine a été récemment confirmée par la DDT (2). En 2018, 36 constats de dommages sur ovins ont été déclarés dans le Cantal, dont 21 avec « le loup non exclu » dans les rapports d’expertise.

Monique Roque-Marmeys

(1) Office national de la chasse et de la faune sauvage. (2) Direction départementale des territoires.