Guillaume Menut, installé à La Verdière dans le Var, se souviendra longtemps de son Noël 2019. Son troupeau a subi deux attaques de loups d’un nouveau genre, puisque les prédateurs sont rentrés deux fois dans sa bergerie, à une semaine d’intervalle, réalisant deux carnages dans sa troupe ovine. La première fois, le 14 décembre, alerté par le bruit venant du bâtiment situé à 40 mètres de la maison d’habitation, l’exploitant a réussi à « limiter les dégâts ». Six animaux sont morts, dont deux qu’il a dû euthanasier. Le 21 décembre, en revanche, il ne s’est aperçu du méfait qu’au petit matin. Les loups sont vraisemblablement intervenus pendant la nuit. Près d’une trentaine de brebis et d’agneaux sont morts et les dommages auront de lourdes conséquences financières. « Des agneaux ont perdu leur mère et l’ensemble des animaux a subi un stress considérable », relate Guillaume.

« Rien ne bouge »

La meute a jeté son dévolu sur les moutons du secteur. Tous les exploitants des alentours subissent d’importantes pertes. Ils ont pourtant installé l’arsenal des mesures de protection. Guillaume avait d’ailleurs décidé de rentrer ses brebis pendant la nuit dans le bâtiment, à la suite d’une attaque. « Entre le 14 et le 20 décembre, les louvetiers sont venus autour du troupeau tous les jours, mais ils n’ont pas vu les loups », déclare l’exploitant. Les prédateurs sont passés à l’action le jour où ils ne sont pas venus.

De nombreux responsables ont rendu visite à Guillaume et se désolent de la situation. À commencer par le maire de la commune, qui a souhaité que la meute soit prélevée. « Mais rien de bouge », regrette l’éleveur, très inquiet pour la partie de sa troupe qui doit agneler en février. « Il faut prendre des mesures, dit-il. Les chasseurs devraient avoir le droit de les tuer. Notre salut ne passera que par leur action. »

Une intervention de la brigade loups a été annoncée, dès que l’équipe, en congé, aura repris le travail. En attendant, Guillaume a monté un bunker avec des bottes de paille autour de la bergerie. « Il faut une demi-heure chaque matin pour tout enlever, déclare-t-il. C’est insupportable. Quoi qu’il arrive, en janvier, ce dispositif ne perdurera pas. Je veux vivre comme un éleveur normal ! »

M.-F. Malterre