Le 27 janvier 2025, le Sénat a notamment adopté un amendement permettant la réintroduction de l’acétamipride par dérogation, à l’occasion de l’examen de la proposition de loi pour « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » des sénateurs Duplomb et Menonville. Il s’est également prononcé en faveur d’une réforme de la séparation du conseil et de la vente de produits phytos et d’autres mesures sur le stockage de l’eau notamment, qui seront ensuite examinées par l’Assemblée nationale. Ces positions n’ont pas manqué de faire réagir le 28 janvier.
« Un coup d’arrêt à la décroissance agricole »
Les onze organisations de filières végétales (1) qui s’étaient réunies le 22 janvier pour appuyer leur soutien à cette proposition de texte ont remercié par communiqué les sénateurs « ayant permis ce premier pas ». Elles jugent que cela « met un frein aux logiques décroissantes qui menacent [leurs] productions » mais regrettent que « les conditions à réunir [aillent] à l’encontre de la simplification ».
Plus largement, cinq associations spécialisées de la FNSEA (2) estiment que la proposition de loi adoptée « témoigne du réalisme des sénateurs face au délire du tout réglementaire et de ses conséquences sur le décrochage de l’agriculture française. » Si elles saluent des compromis obtenus qui « vont dans le bon sens », elles appellent « l’ensemble des députés et le gouvernement, à prendre leurs responsabilités en s’emparant de ce texte ».
Le collectif Sauvons les fruits et légumes de France voit dans les différentes mesures adoptées par le Sénat un « verre à moitié plein, à savoir un coup d’arrêt à la décroissance agricole ». En ce qui concerne l’acétamipride (néonicotinoïde interdit en France mais autorisé dans les autres pays de l’Union européenne), la mesure est saluée mais le collectif regrette une disposition qui « ne met pas fin à la surtransposition française et rajoute même de la complexité ».
« Un jour sombre pour la transition agroécologique »
De son côté, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) estime que « le Sénat sacrifie pollinisateurs, santé publique, agriculture et environnement sous la pression de l’agrochimie ». Elle « s’insurge » contre l’adoption de l’amendement qui concerne l’acétamipride. Selon elle, cette décision « constitue une attaque frontale contre les efforts entrepris depuis 2016 pour protéger les pollinisateurs » et appelle « tous les députés à rejeter ce texte rétrograde et irresponsable ».
Pour l’association Générations futures, « c’est un jour sombre pour la transition agroécologique qui s’est déroulé ce 27 janvier ». Elle désapprouve avec force « la réintroduction des néonicotinoïdes », mais aussi une « remise en cause » de l’indépendance de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). « Cet alignement total de la ministre de l’Agriculture avec la FNSEA et la Coordination Rurale sur la question des pesticides devient intolérable mais n’est rendu possible que par la passivité du Premier ministre sur la question ! », écrit-elle.
(1) CGB (betteraves), Fnams et UFS (semences), FNP Fruits, Légumes de France, ANPP (pommes et poires), UNPT et FN3PT (pommes de terre et plants), ANPN (noisettes), Bik (kiwi), Pêches et Abricots de France.
(2) AGPB (blé), AGPM (maïs), CGB (betteraves), Fop (oléoprotéagineux) et UNPT (pommes de terre).