On aurait parfois tendance à l’oublier, mais l’accord entre l’Union européenne et le Canada (Ceta) n’a toujours pas franchi tous les obstacles législatifs pour son adoption définitive. Toutefois, depuis septembre 2017, son volet commercial est appliqué. Dans un rapport publié le 16 juin 2025 par la Commission européenne et mené par le cabinet Trade Impact, les chiffres positifs de la balance commerciale agricole et agroalimentaire se confirment.
Hausses des exportations européennes
Les exportations agricoles européennes vers le Canada ont progressé de 1,4 milliard d’euros par an entre la période de 2012-2016 avant accord, et la période de 2017-2023 post-accord. Avec une hausse en valeur notable des exportations de viandes et abats (+218 %), de fruits, légumes et noix (+63 %), et de fromages et produits laitiers (+62 %).
Dans le sens inverse, le Canada a surperformé de 37,5 % avec les graines oléagineuses et de 18,4 % avec les céréales. La hausse annuelle de ses exportations agricoles vers l’Union européenne atteint 767 millions d’euros. La balance penche donc largement en faveur du bloc européen, d’après l’étude.
« Les exportations bilatérales de l’Union européenne vers le Canada ont augmenté à un rythme plus rapide que les exportations totales de l’Union européenne, et cette différence est probablement due à l’impact du Ceta sur les préférences commerciales et l’accès au marché », en concluent les rédacteurs de l’étude.
Le Canada face aux normes européennes
Du côté canadien, on peine toujours à tirer profit de l’accord, notamment sur la viande bovine. Seulement 3 % du contingent de 35 000 tonnes de bœuf et de veau a été utilisé et 1 % des 75 000 tonnes de porc. Plusieurs explications sont soulevées par les auteurs du rapport.
« L’un des principaux facteurs limitant l’utilisation de ces contingents tarifaires est la rigueur des normes sanitaires et phytosanitaires de l’Union européenne, qui diffèrent considérablement de la réglementation canadienne, expliquent-ils. Par exemple, dans le cas du bœuf, l’Union européenne interdit les importations de viande provenant de bovins traités aux hormones de croissance. »
Et si le Mercosur revenait en grâce ? (17/04/2025)
Les réglementations sur les antibiotiques, le bien-être animal ou encore la décontamination des carcasses sont elles aussi identifiées, comme autant de barrières que les Canadiens ne peuvent pas franchir, ou qu’ils ne souhaitent pas franchir. « Ces différences réglementaires rendent coûteuse l’exportation de bœuf vers l’Union européenne pour les producteurs canadiens », soulignent les chercheurs.
« Les exportateurs canadiens sont souvent confrontés à une incompatibilité entre les exigences de l’Union européenne et des États-Unis, ce qui les oblige à donner la priorité à un marché plutôt qu’à l’autre », est-il observé. De plus, cela reviendrait à bâtir une nouvelle chaîne logistique pour les produits à destination de l’Union européenne, rendant ces opérations moins intéressantes économiquement.
Les Canadiens reprochent par ailleurs le système d’allocation des quotas d’exportation européens et sa lourdeur administrative. Cela rendrait le système trop inflexible et limiterait finalement plus l’accès au marché unique que ce qui était entendu dans l’accord.