La pression des ONG, des politiques ou des filières agricoles européens ne semble pas faire dévier la Commission européenne de sa feuille de route. L'éxecutif européen reste déterminée à obtenir un accord sur le traité commercial avec le Mercosur d'ici à l’été, et l’agriculture n’obtiendrait pas de traitement de faveur d’après un document qui aurait fuité le 22 mars 2023.
«Une fragile liste de bonnes intentions»
Maxime Combes, économiste à l’Aitec (Association internationale de techniciens experts et chercheurs) et membre du collectif Stop Ceta-Mercosur responsable de la fuite, alerte sur les intentions de la Commission. « Cet instrument se limite à répéter ce qui figurait déjà dans l’accord, combiné aux engagements pris par les différentes parties prenantes dans d’autres instances, notamment onusiennes, sans que ces engagements-là ne puissent être mobilisés pour justifier de ne pas mettre en œuvre les dispositions commerciales prévues par l’accord », analyse-t-il.
Même écho du côté de Greenpeace par la voix du responsable de la forêt Éric Moranval. « Cet instrument conjoint n’est au mieux qu’une fragile liste de bonnes intentions. Il n’apporte pas de changement fondamental au contenu de l’accord, dont l’objectif reste d’accroître les échanges de produits néfastes pour le climat et la nature. Cet accord est un désastre pour l’environnement et les droits humains », dénonce-t-il.
Les arguments de la Commission
Le document objet de cette fuite serait en fait un résumé des intentions de la Commission européenne à l’adresse des États membres, censés faire avancer le processus de ratification. Il appuie sur les engagements internationaux suffisants pris par les pays du Mercosur signataires, vis-à-vis du climat notamment. Les parlementaires européens n’auraient, par ailleurs, pas eu officiellement connaissance de ce document, toujours d’après le collectif.
L’Autriche s’est prononcée
Même si le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a répété ne pas être favorable à l’accord en l’état, il ne s’est pas officiellement prononcé contre. C’est le cas en revanche de l’Autriche, qui a réaffirmé sa position, le lundi 20 mars 2023, à l’issue du conseil agricole. « Il n’y a toujours pas de réponses concrètes de la Commission européenne sur les contrôles des importations ou les mesures de protection contre les distorsions de la concurrence, a avancé Norbert Totschnig, le ministre autrichien de l’Agriculture. Il n’y a pas non plus d’indication complète de l’origine européenne. C’est pourquoi je réitère le « non » de l’Autriche. »