Dès son arrivée, lors de son premier discours aux côtés du président argentin Mauricio Macri, François Hollande a donné le ton : « Nous nous sommes entretenus au sujet des négociations entre le Mercosur et l’Union européenne (UE). Nous prenons cette discussion avec responsabilité et vous savez que nous faisons preuve d’une très grande vigilance sur les questions agricoles. »
Une réponse à l’offre déposée quelques jours plus tôt par le Mercosur dans le cadre d’un accord de nouvelle génération avec Bruxelles. « Plus de 93 % de ce que le Mercosur produit figure dans notre proposition pour avancer dans la signature d’un accord de libre-échange », avait annoncé le président uruguayen, Tabaré Vázquez, dont le pays est à la tête du bloc régional.
Changement de cap
A l’automne, suite à une première offre, Paris avait jugé la proposition sud-américaine « peu ambitieuse », masquant à peine sa position en faveur d’une protection de son agriculture. Mais la donne a changé dans l’hémisphère Sud. Buenos Aires affiche désormais des relations diplomatiques cordiales avec ses voisins, du Brésil et de l’Uruguay notamment, ce qui a décoincé des négociations en berne depuis près de vingt ans.
L’offre, plus ambitieuse encore que ce que l’UE pouvait espérer, est prête et le Mercosur attend désormais la réplique européenne. Il faut aller vite. L’Uruguay, largement favorable à la conclusion d’un accord, cédera la présidence au deuxième semestre 2016 à un Venezuela nettement moins enclin à donner une suite heureuse aux négociations. En visite dans la capitale argentine, le 9 mars, Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, a assuré que l’Europe travaillait « intensément à la formalisation d’un accord qui serait positif pour les deux régions ». Selon elle, la crise économique qui frappe les deux blocs doit être vue comme « une opportunité » pour avancer et estime qu’un échange d’offres pourrait avoir lieu dès avril.
Toutefois, si le climat est favorable au Sud, c’est loin d’être le cas en Europe, où on imagine difficilement François Hollande céder dans un contexte de crise avec les producteurs. Le grand retour de l’Argentine agricole sur la scène internationale inquiète à juste titre : « L’Argentine souhaite exporter de nouveau vers l’Algérie, où nous n’exportions plus. Un autre marché avec un très fort potentiel est l’Egypte et l’Afrique du Nord dans son ensemble », affirme Marisa Bircher, en charge des marchés agro-industriels au ministère argentin de l’Agriculture.
Argentine et Brésil au front
Sur fond de crise de leur marché intérieur, les deux géants de la région, l’Argentine et le Brésil, entendent bien avancer main dans la main dans la conquête de nouveaux marchés, assure-t-elle : « Nous sommes conscients qu’en dépit de notre capacité, pour les grands marchés comme la Chine ou la Russie, nous devons être encore plus grands. Dans cette perspective, nous développons une stratégie concertée avec le Brésil pour mieux nous positionner. »