Face au déficit de protéines végétales, les industriels du Grand Ouest, de la Normandie à la Nouvelle-Aquitaine, s’intéressent au soja et à la lentille. Les producteurs sur le territoire sont cependant confrontés à des difficultés techniques. Terres Inovia a lancé en 2020 le projet W-Solent afin d’acquérir des références et adapter les itinéraires culturaux des deux cultures à ce nouveau bassin de production.

L’enherbement, un frein

La gestion de l’enherbement est un frein au développement de la lentille sur la façade atlantique. Par sa croissance lente en début de cycle, la culture est peu compétitive face aux adventices. Pour pallier cela, l’association à des plantes compagnes est explorée. Cameline, lin, orge de printemps, avoine nue et moutarde brune ont été testés avec une lentille verte dans un réseau d’essais entre 2021 et 2022.

Les résultats devront néanmoins être consolidés : les levées se sont révélées hétérogènes, selon le site et l’année, et la présence de ravageurs, notamment altises, a entraîné des pertes sur lin, moutarde et cameline. Les essais en 2021 ont été marqués par une forte pression adventice, favorisée par les conditions pluvieuses de l’année. Entre verse ou sécheresse, peu d'essais ont été récoltés les deux années.

« En moyenne, la biomasse des lentilles est en retrait quand elle est associée à des plantes compagnes, en particulier avec des céréales, remarque Zoé Le Bihan, de Terres Inovia. Les céréales montrent cependant un “effet tuteur” intéressant pour limiter la verse de la lentille. » Avant d'envisager cette technique, il convient d'étudier tri et valorisation de l’association, prévient l’ingénieure.

Choix variétal

En soja, des essais ont été conduits en 2021 et 2022 pour explorer la nouvelle offre en variétés précoces (groupes 000 et 00), voire très précoces (groupe 0000), qui permettent d’envisager la culture dans le Grand Ouest. Elles ont été comparées à une variété témoin, ES Comandor. « La hauteur des premières gousses de ces variétés est relativement courte, entre 11 et 12,5 cm, ce qui peut poser un problème à la récolte si le sol n’est pas bien nivelé », note Cécile Le Gall, de Terres Inovia. La moitié des essais était irriguée. « En tendance, les hauteurs sont plus élevées en situation irriguée, sans toutefois de différence sur la hauteur des premières gousses », précise l’ingénieure.

Les taux d’humidités mesurés à la récolte étaient plutôt élevés : aucune variété n’était en dessous de la norme de 14 %. « On est monté jusqu’à 28 %, sachant que l’optimum de conservation du soja est en dessous de 9 %, rapporte Cécile Le Gall. Sur le réseau d’essais, le séchage était obligatoire. » Sur le rendement, la variété très précoce Ambella (groupe 0000) s’est révélée inférieure aux autres.

Pour six essais sur neuf en 2021 et 2022, la teneur moyenne en protéines dépasse les 40 %, le minimum exigé pour une valorisation en alimentation humaine. « C’est encourageant », appuie Cécile Le Gall. « Les essais sur la densité de semis du soja montrent par ailleurs une marge de progression pour obtenir un peuplement satisfaisant, ajoute-t-elle. Il faudrait au moins 30 à 40 plantes par m², et dans l’idéal 50 à 60 plantes par m².»