Nicolas Rigaudière est arrivé à l’Essor maraîcher de Gaillac (Tarn) en décembre 2015. Cet espace-test agricole est destiné aux porteurs de projet en maraîchage bio. Son passage par cette couveuse, qui met à sa disposition un outil de production professionnel, lui permet pendant trois ans de consolider son expérience, sans risque, avant de s’engager dans une installation. Avec Hélène, sa compagne, Nicolas cultive une quarantaine de légumes sous serre et en plein champ, qu’ils vendent en Amap. Ils réalisent un chiffre d’affaires de 50 000 €, pour dix mois de vente par an. « Cette expérience nous permet de mettre au point notre projet, mais elle nous oblige aussi à travailler collectivement, en partageant le matériel et les créneaux pour arroser, confie l’agriculteur. Nous bénéficions des expériences de nos collègues, c’est très constructif. » Lorsqu’il quittera le dispositif, fin 2018, le jeune couple s’installera en Gaec à Loupiac, à une vingtaine de kilomètres, où il a acheté 3 ha en GFA.

Tout un apprentissage

Créé en 2012 par la communauté d’agglomération Gaillac-Graulhet, l’Essor maraîcher dispose de quatre unités de production, offrant chacune 930 m² de serres tunnel et 1 ha de terre. Les parties communes – hangar, atelier, aire de lavage, chambre froide, bureau – et le matériel sont partagés. Dix-sept maraîchers sont déjà passés par cette couveuse, qui projette de bâtir une légumerie pour approvisionner des cantines.

La structure fait partie du réseau Reneta (1), qui réunit ses adhérents une fois par an pour faire un point sur leurs expériences. Cette année, c’est à la Maison familiale rurale de Brens (Tarn), fin juin, que se sont déroulées ces rencontres. « Nous avons travaillé sur la difficulté d’expérimenter le collectif, car dans un espace-test, des jeunes qui ne se sont pas choisis sont obligés de partager le même lieu. Ce n’est pas forcément facile, explique Claudette Formantin, animatrice de l’Essor maraîcher. L’accompagnement est important pour les aider à bien définir les rôles de chacun. »

Car les exemples de frictions ne manquent pas. Dans sa ferme test de Clapiers (Hérault), la coopérative d’activités Terracoopa a connu un souci de clôture électrique contre les sangliers. Les quatre apprentis maraîchers n’arrivaient pas à se mettre d’accord pour savoir qui devait entretenir les abords. L’animateur a dû leur faire un planning. En Normandie, la coopérative d’activité et d’emploi Rhizome a aidé deux couples à monter un projet de production et transformation de légumes. Chacun ayant une vision différente du travail, un pacte d’associés a été nécessaire pour mettre tout le monde d’accord. Mais le groupe a tenu.

(1) Réseau national des espaces-test agricoles.