«Nous rectifions une information qui a été déformée depuis longtemps », lance Michel Vaudour, responsable du dossier glyphosate à la FRSEA Centre - Val de Loire. La semaine dernière, le syndicat a multiplié les conférences de presse en Indre-et-Loire, Eure-et-Loir, Loiret et Indre, afin de diffuser les résultats des tests des agriculteurs « pisseurs ».
Face aux 350 « pisseurs involontaires » de glyphosate de la région qui dénoncent l’herbicide, soixante-quatre agriculteurs ont voulu savoir si des traces étaient présentes dans leurs urines. Sept députés et journalistes ont aussi réalisé le test. Christophe Gautier, céréalier à Dampierre-sous-Brou, est l’un des douze agriculteurs d’Eure-et-Loir à avoir réalisé des prélèvements urinaires fin décembre, devant un huissier. En regardant les chiffres des militants, il se disait : « Si eux en ont, moi je dois être infesté ! Je voulais savoir à quelle hauteur. »
Résultat ? Pour 67 % des testés, le glyphosate n’est pas détecté. Pour les 33 % restant, les taux sont en dessous de 0,05 microgramme par litre d’urine (µg/l), inférieurs au seuil autorisé dans l’eau potable (0,10 µg/l) et « 5 800 fois moins élevé que la dose journalière admissible », dit Joël Guillemain, ancien toxicologue. Christophe Gautier est rassuré, d’autant que « les résultats des agriculteurs sont dans la moyenne basse ».
Méthode remise en cause
Pourquoi une telle différence ? Deux méthodes de dépistage ont été utilisées. Les pisseurs involontaires ont choisi le test immunologique Élisa, très sensible mais peu spécifique, avec un laboratoire à Metz et un en Allemagne, BioCheck, tandis que les agriculteurs ont choisi la chromatographie avec le CHU de Limoges. Certains paysans ont réalisé les deux tests et les résultats sont radicalement différents. Le taux varie presque du simple au double pour un même échantillon. Avec Élisa, le glyphosate est détecté dans toutes les urines et pour 56 % des personnes testées, au-dessus de 1,1 µg/l. « La méthode Élisa est validée sur l’eau, mais elle n’a pas été réévaluée sur l’urine », indique le toxicologue. Le syndicat demande à l’Anses (1) de statuer sur la méthode à employer. « Une décision doit être prise car les pisseurs s’appuient sur ces analyses pour déposer plainte. Il y en a déjà plus de 5 500 en France. Il faut écouter les scientifiques », ajoute Michel Vaudour.
Le syndicat n’a pas décidé s’il porterait plainte ou pas pour « diffamation et diffusion de fausses informations ». Il compte effectuer une information auprès des procureurs. Aude Richard
(1) Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale.