À mi-chemin entre Tokyo et Kyoto se trouve la préfecture de Mie, au centre-ouest de Honshu, l’île principale du Japon. Elle abrite la baie d’Ago, renommée pour ses huîtres perlières. Sur l’eau, on découvre des radeaux qui quadrillent l’eau en damier où flottent les claies à huîtres.

Direction, l’île aux perles

L’histoire commence à Toba, ville natale de Kokichi Mikimoto. Inventeur émérite de la perle de culture qui va pulvériser un commerce prospère depuis des millénaires au Moyen-Orient. Au Japon, cette pêche miraculeuse se concentre dans la baie d’Ago. Les « larmes des dieux », trouvées à l’état naturel dans les huîtres Akoya, sont déjà célèbres pour leur blancheur éclatante et leur vertu médicinale. Kokichi Mikimoto sait que la poudre de perle broyée est le seul remède prescrit par le médecin pour soigner son père d’un mal incurable, mais elle coûte une fortune.

Ce modeste fils de restaurateur va tenter de forcer les huîtres à faire ce qu’elles réalisent parfois naturellement quand un corps étranger s’introduit dans le coquillage. Il réalise une prouesse technique en inventant le nucléus, le noyau de départ de toute perle de culture, à partir d’une greffe de la nacre.

La culture des huîtres perlières a été mise au point à la fin du XIXe siècle par Kokichi Mikimoto. (©  Wakasuzu/Adobe Stock)

C’est une révolution qui va sonner le glas des perles fines du golfe Persique.Les Akoya cultivées par Mikimoto, coûtent beaucoup moins chères que leurs rivales récoltées à l’état sauvage. Ces huîtres sont élevées pendant deux ou trois ans, avant d’être greffées. Kokichi Mikimoto fonde sa société en 1893 à l’âge de 35 ans et devient le premier producteur à cultiver des perles. Il meurt à 96 ans, mais l’histoire ne dit pas s’il avalait la fameuse potion magique. Ce qu’on sait en revanche, c’est que les plus belles perles exigent un environnement pur, exempt de toute pollution et riche en plancton.

Aujourd’hui, dans la baie d’Ago, on peut savourer des huîtres et autres délices de la mer,en contemplant le spectacle des plongeuses Ama qui remplissent leurs seaux en bois des précieux coquillages. Un métier traditionnellement réservé aux femmes qui descendaient les huîtres mères au fond de l’eau, et les remontaient quand elles avaient produit des perles. En voie de disparition, ces plongeuses en apnée continuent pour les touristes auxquels elles proposent de les accompagner.