Tournées à Matera, les premières scènes du dernier James Bond (Mourir peut attendre, 2021), donne de cette ville unique, entièrement taillée dans la roche calcaire, une vue époustouflante. Avec ses ruelles escarpées aux pierres blanches écrasées par le soleil, ses habitations troglodytes construites en surplomb d’un profond ravin, la vielle ville constitue un spectaculaire décor.
De nombreux réalisateurs y ont d’ailleurs réalisé leur film : Pier Paolo Pasolini (L’Évangile selon saint Matthieu en 1964), les frères Taviani (Allonsanfan en 1974), Mel Gibson (La Passion du Christ en 2004), Timour Bekmambetov (Ben-Hur en 2016)…
Les touristes se bousculent chaque année dans le lacis inextricable de venelles, d’escaliers et de petites maisons blanchies à la chaux, imbriquées les unes aux autres, les « sassi ». Creusées dans la roche sur plusieurs étages à partir du XVIe siècle, ces « casa » étaient devenus, dans les années 1950, surpeuplées et insalubres.
Dans son célèbre livre Le Christ s’est arrêté à Eboli, Carlo Levi témoigna en 1945 des conditions de vie misérables de ces habitants. La population (près de 20 000 personnes en 1952) a été relogée dans une nouvelle ville construite à une dizaine de kilomètres de là. Le roman a été adapté au cinéma en 1979 par Francesco Rosi.

Réhabilité à partir de 1980, ce labyrinthe de tuf constitue aujourd’hui pour les visiteurs un décor insolite et fascinant. Au sud de la ville, le quartier du « sasso caveoso » héberge quelques-unes des plus belles églises rupestres de la cité. À proximité, le "sasso Barisano" abrite un ensemble unique composé de deux églises, Madonna delle Virtu et San Nicola dei Greci, décorées de fresques, avec un monastère.
Le système ancestral de récupération des eaux a contribué à l’inscription des sassi au patrimoine mondial de l’Unesco en 1993. Recueillie sur le plateau, l’eau pluviale descendait jusqu’aux maisons par la seule gravité et était stockée dans la citerne de chaque habitation.
Matera ne se visite qu’à pied. En compagnie du faucon crécerellette, rapace rare qui nidifie sur les toits et que l’on peut admirer entre avril et septembre.