Françoise Quoirez, alias Françoise Sagan, voit le jour à Cajarc, petit village blotti au bord du Lot, où elle demandera à être enterrée au cimetière de Seuzac, situé à 3 km. Troisième enfant d’une famille de la grande bourgeoisie, elle passe une enfance heureuse entre son village natal, Lyon, le Dauphiné et Paris. Devenue célèbre à l’âge de dix-huit ans avec Bonjour tristesse, publié en 1954, cette figure de liberté défraiera souvent la chronique mondaine et alimentera la presse à scandale.
Ce qui n’empêchera pas l’écrivaine de cultiver toute sa vie un attachement sans faille pour ses racines, son Causse, avec ses odeurs, ses couleurs, son silence, la beauté sauvage de ses paysages. Pour elle, c’était avant tout un endroit pour se ressourcer : « Ce pays n’a pas changé. J’y retrouve une enfance exemplaire qui introduit dans ma vie une sorte de temps au ralenti, un temps sans cassure, sans brisure et sans bruit. […] Les Causses, pour moi, c’est l’extraordinaire tranquillité d’esprit… C’est l’impression fantastique, rassurante, que la France est vide. Ces Causses interminables qui passent du rose au mauve puis au bleu nuit, et il y a cette vallée si verte coupée d’un fleuve gris. »
Aux Arques, le musée Zadkine, ouvert dans son ancien atelier, rend hommage à cet amoureux de la nature. © C. Novello
Françoise Sagan ne sera pas la seule « people » a aimé ce département, qui s’oppose de toute sa rigueur de pierre et sagesse paysanne au glamour chromé des sites touristiques français.
De Coluche à Georges Pompidou, en passant par André Breton ou le sculpteur Ossip Zadkine, tous sont venus et sont restés dans les filets de ce département de Midi-Pyrénées qui maille histoire, culture et nature.
Mais ici, contrairement à Saint-Tropez, artistes et mécènes cultiveront la discrétion. Le couple Pompidou délaissera la Côte d’Azur pour s’acheter une résidence secondaire, après son coup de foudre pour ce Lot que lui a fait découvrir la sœur de Françoise Sagan. Le Pompidou des champs, petit fils d’agriculteurs, renouera avec son amour du terroir et de l’art moderne en créant à Cajarc un Centre d’art contemporain. Il aimait le Lot, la ruralité et citer Montesquieu : « J’aime les paysans. Ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers. »
Les Quatre Coins du cœur, publié aux éditions Plon, a été achevé par le fils de Françoise Sagan, Denis Westhoff.