La diversité des pays et des paysages traversés pendant 252 km, ainsi que l’histoire du périple de Robert-Louis Stevenson et de son ânesse Modestine au XIXe siècle, ont fait du GR 70 un itinéraire mythique. Entre mars et novembre, des milliers de randonneurs arpentent ce chemin entre le Puy-en-Velay (Haute-Loire) et Alès (Gard). Seuls, en groupe ou en famille, avec ou sans âne.
Pendant ce parcours d’une douzaine de jours, ils traversent des contrées très différentes : aux terres volcaniques, propices à la culture de la lentille du Puy AOP, succèdent les gorges abruptes de la Loire et les plateaux granitiques du Gévaudan. Après la montée au mont Lozère, à 1 699 mètres, les marcheurs basculent dans les Cévennes profondes, puis atteignent le Midi. À partir de Saint-Jean-du-Gard, sur les places bordées de platanes, on est bien loin du Massif central.
L’âme de Robert-Louis Stevenson plane sur le chemin. © A. Brehier
Tout au long du chemin plane l’âme de l’auteur de L’étrange cas duDr Jekyll et de Mr Hyde et de L’île au trésor. Innombrables sont les hébergements qui portent le nom du célèbre romancier écossais ou celui de son ânesse : Relais de Modestine, Mas Stevenson, L’île au trésor…
À une l’époque où marcher à pied n’avait rien d’un loisir, mais était une nécessité, le randonneur avant-gardiste était parti du Monastier-sur-Gazeille le 22 septembre 1878. Ce voyage avait un double but : se consoler d’une blessure sentimentale et découvrir le pays des camisards. En effet, c’est au Pont-de-Monvert, jolie petite bourgade située au confluent du Tarn, du Rieumalet et du Martinet, que débuta en 1702 la guerre des camisards, le soulèvement des protestants des Cévennes. Une histoire importante pour Robert-Louis Stevenson, issu d’une famille protestante pratiquante.
Croix, lavoirs, fours, cimetières protestants, sentiers muletiers, anciennes colonies des enfants des mineurs d’Alès et cultures en terrasse témoignent d’une vie rurale jadis très vivante. Et partout, partout, de grands horizons où l’on se sent libre.