Enclavée et sauvage, cette haute et large vallée des Alpes françaises deviendra pour l’écrivain Jean Giono une source d’inspiration privilégiée. « C’est de ce pays, au fond, que j’ai été fait, pendant presque vingt ans. » Il découvre, en 1931, Tréminis-l’Église où il écrit sa première pièce de théâtre, Le bout de la route, et où il situe son roman Batailles dans la montagne (1937). Mais c’est à Lalley, en Isère, où habite son amie peintre, Édith Berger, qu’il rédige Les vraies richesses et plante le décor d’Un roi sans divertissement et des Âmes fortes. Édith peint le monde rural avec son cœur, tandis que le « rêveur des montagnes » l’arpente, en loue la beauté et la richesse humaine.

 

 

Célébration du cinquantenaire de la mort de l’écrivain

La commune de Lalley lui rend hommage à l’espace Giono, dans l’auberge qu’il occupait, et célèbre dans tout le Trièves (avec un an de retard pour cause de la Covid-19) le cinquantenaire de sa mort avec des conférences, pièces de théâtres, lecture et autres événements. Méconnu, le Trièves s’offre derrière le col de la Croix-Haute, sur une route qui s’agrippe à la montagne, surplombe le lac de Monteynard, des gorges profondes enfouies sous les frondaisons, zigzague sous le regard du mont Aiguille (2 086 m), une des merveilles du Dauphiné, et dévoile les falaises du Vercors…

Voici Mens, la capitale historique où l’auteur du Hussard sur le toit s’attardait au café des Arts, décoré par le peintre Gustave Riquet. Ce petit bijou se déniche à deux pas du musée du Trièves, qui raconte, sur deux étages, la riche histoire de ce territoire préservé du Dauphiné.

À Pré́bois (Isère), Samuel Delus, du Domaine de l’Obiou, fait revivre le vignoble chanté par Giono : « C’est sur ce flanc en pente raide et qui regarde le couchant que sont plantés nos minuscules vignobles. » Il a quitté Paris pour un retour aux sources d’un savoir-faire familial, et a replanté, en 2012, 2,4 ha de vignes avec des cépages classiques et locaux (persan, douce noire, onchette ou altesse). Ils sont cinq vignerons en agriculture bio à redonner leurs lettres de noblesse à̀ ces parcelles confidentielles qui datent du Moyen Âge. La renaissance est lancée. In vino veritas.

Martine Guilcher